Le Nigeria veut mieux encadrer l'exploitation du lithium
18 octobre 2023Le Nigeria assiste en ce moment à une véritable ruée vers le lithium. Ce minerai est très convoité car il entre notamment dans la fabrication de batteries rechargeables ou de véhicules électriques. Alors, de nombreux exploitants nigérians, mais aussi des entreprises étrangères, convoitent les gisements du pays pour faire main basse sur son lithium et l'exporter illégalement. Mais les autorités ont pris des mesures destinées à refreiner, notamment, les ardeurs clandestines des prospecteurs chinois.
Danger environnemental
Qui dit exploitation illégale du lithium dit aussi exploitation incontrôlée. Et celle-ci dégrade l'environnement. C'est l'une des raisons pour lesquelles Safinatu Mohamed Sani, consultante en géologie, réclame un contrôle plus étroit des activités minières.
"Il y a cinq façons de rendre l'exploitation minière plus durable, explique-t-elle : les techniques d'exploitation à faible impact, la réutilisation des déchets miniers, les équipements écologiques, la réhabilitation du site minier et la fermeture des sites miniers illégaux".
Selon Safinatu Mohamed Sani, protéger les sols et leur couche arable sera bénéfique à l'ensemble de la communauté locale. Et permettra au Nigeria de se prémunir contre les appétits d'exploitants étrangers – chinois notamment.
Manque de contrôles
Dele Anyoleke, le président de l'Association des mineurs, reproche au gouvernement fédéral son manque de rigueur dans l'application des règles de lutte contre l'exploitation clandestine.
"L'exploitation de chaque minerai est censée être accompagnée de mesures de santé et de sécurité mais aussi d'installations, constate le syndicaliste. Le problème des Etats du Zamfara et même du Niger, c'est qu'à chaque fois qu'un nouveau minerai est découvert, de nombreux mineurs artisanaux s'installent à cet endroit et les pouvoirs publics n'interviennent pas immédiatement pour contrôler cet afflux".
Transformation locale obligatoire
Néanmoins, parmi les mesures mises en place par le gouvernement fédéral, citons l'interdiction d'exporter dorénavant tout minerai qui n'aurait pas été transformé sur place. Dele Alake, ministre des Mines, promet que "l'ère de l'exportation de minerais solides bruts du Nigeria est révolue". Il martèle que "toute entreprise souhaitant investir dans le secteur industriel des minerais solides au Nigeria doit désormais ajouter de la valeur au niveau local".
Les acteurs du secteur espèrent que cette mesure permettra d'éviter un désastre comparable à celui survenu dans le delta du Niger. L'exploitation de pétrole n'y a pas été suffisamment encadrée, ce qui a non seulement détruit l'environnement, mais aussi, à cause des détournements massifs, contribué à attiser la crise qui continue de sévir dans la région.