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Les premiers soldats français ont quitté le Niger

10 octobre 2023

D’ici la fin de l’année, les soldats français devraient avoir quitté le Niger. A Ouallam et à Niamey, c'est la crainte mais aussi la joie d’une souveraineté retrouvée.

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Des soldats français et nigériens préparent une mission sur la base militaire française à Niamey (14.05.2023)
Ce départ du Niger est un tournant dans la présence militaire française dans le Sahel après les départs du Mali et du Burkina Faso Image : ALAIN JOCARD/AFP

Un premier avion a quitté lundi (09.10) la capitale Niamey avec du matériel et un premier groupe de militaires. 49 militaires, selon plusieurs sources contactées dont certaines sur place. Il est prévu que les 400 soldats sur les deux bases avancées de Ouallam et Tabarey-Barey dans l’ouest regagnent le reste des mille soldats français à Niamey avant de quitter le Niger

Illiassou Goumadeye est journaliste basé à Ouallam. Il a vu un convoi de soldats français quitter la ville ce mardi 10 octobre.

"La population était sortie les applaudir pour leur dire aurevoir" raconte le journaliste à la DW. "Pour eux, l’essentiel, c’est de faire partir les Français. Aujourd’hui, tout le monde est content, ils sont partis. Il n’y a pas de crainte au sein de la population à Ouallam."

Une victoire pour le M62

Parmi ceux qui sont contents, il y a le M62. Le mouvement a toujours milité pour le départ des troupes françaises du Niger. La trésorière du M62 Salmata Taya se réjouit depuis le rond-point de la résistance, non loin de la base militaire française de Niamey.  

"C’est une victoire, une deuxième victoire, parce que le départ de l’ambassadeur Sylvain Itté était notre première victoire. Ce départ des forces françaises est la deuxième victoire", se réjouit Salmata Taya sur la DW.

"La population a applaudi le premier départ des troupes françaises" (Illiassou Goumadeye)

Elle ajoute : "Nous resterons au rond-point jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il n’y a aucun militaire français sur notre territoire. Sans eux, la situation sécuritaire va s’améliorer, elle s’est améliorée au Mali, au Burkina ; elle va s’améliorer au Niger."

La prochaine destination pour les soldats français

Le départ des soldats français doit s’achever à la fin de l’année. Quelle est leur destination finale ?

Contactée, l’armée française qui n’a pas voulu s’exprimer pour l’Instant. Selon plusieurs sources sécuritaires, le Tchad voisin pourrait être une destination provisoire pour le matériel militaire par exemple. Les militaires au pouvoir au Niger refuseraient en effet tout départ via les frontières béninoises, plus proches et plus sûres en termes de sécurité.

Au Niger, certains pensent déjà à l’après armée française. Souley Oumarou président du Forum pour une citoyenneté responsable (FCR) redoute une recrudescence des attaques terroristes au Niger.

L’acteur de la société civile prédit sur la DW que "cela va certainement entrainer la pression sur la junte parce qu’elle ne saura pas où mettre de la tête, avec plusieurs fronts, avec aussi le devoir de la junte de se sécuriser puisqu’on parle de menaces de renversement du pouvoir. Je pense que ce départ représente un très grand défi pour la junte au pouvoir." 

Depuis le putsch du 26 juillet, plusieurs attaques djihadistes ont ainsi eu lieu. Il y a une semaine, 29 soldats nigériens ont été tués près de la frontière avec le Mali. C’était l’attaque djihadiste la plus meurtrière depuis le putsch du CNSP

Des centaines de personnes rassemblées devant la base militaire française à Niamey pour demander le départ des soldats français ()24.09.2023
Depuis l’avènement de la nouvelle junte, les manifestations contre la présence militaire française se sont multipliées Image : Balima Boureima/AA/picture alliance

Après le Mali, le Burkina Faso, les troupes françaises quittent donc le Niger.  Pour Nouhou Arzika, président du Mouvement pour la promotion de la citoyenneté responsable, ce premier départ de soldats français du Niger est le résultat de plusieurs années de lutte.

Il a accordé une interview à la DW.

Nouhou Arzika : Le départ était attendu et nous l'avons exigé depuis longtemps. Aujourd'hui, on peut considérer que, en fait, c'est l'heure qui est arrivée pour qu'on enregistre les premiers résultats de notre combat citoyen et patriotique que nous avons mené depuis des années pour exiger le départ des forces d'occupation de notre sol, notamment françaises.

DW : Est- ce que sans cet appui français que les militaires n'ont plus depuis justement 2 mois avec leur départ, ne redoutez-vous des attaques djihadistes dans votre pays ?

Nouhou Arzika : Non, pas du tout, pas du tout. En réalité, c'est une règle de lecture que les gens font quand ils pensent que l'arrivée des Français sur notre territoire avait changé quelque chose par rapport à la situation dans notre pays. Quand ils sont arrivés, il y a bien eu des attaques et il y a bien eu l'insécurité. Elle s'est bien développée parce que vous savez, il y a eu des délocalisations de nos populations.

DW : Donc vous dites que la situation va au contraire s'améliorer avec leur départ ?

Nouhou Arzika : Mais bien sûr. Nous sommes convaincus qu'elle va s'améliorer. Aujourd'hui maintenant avec la nouvelle situation, le nouveau contexte, le nouveau réflexe, ça nous a conduit rapidement à penser à la création de l'Alliance des Etats du Sahel. Nous sommes déjà convaincus que dans les six prochains mois, c'est très clair, on va oublier ça, les terroristes n'auront plus où crécher.

DW : Quelle coopération souhaitez-vous maintenant avec la France ?

La coopération que nous souhaitons avec tous les pays du monde. Nous, nous voulons être une nation autonome, une nation indépendante, une nation souveraine qui développera des relations avec tout le reste du monde dans la dignité, dans le respect mutuel. C'est valable pour les pays voisins, à côté, c'est valable aussi avec les autres puissances de par le monde.