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La Cédéao face à une intervention militaire au Niger

1 août 2023

La France, l’Italie et l'Allemagne se préparent à évacuer leurs ressortissants du pays. De nombreux observateurs semblent à présent entrevoir la possibilité d'une intervention militaire de la Cédéao.

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Le Général Abdourahmane Tiani (à droite) est le chef de la junte au NigerImage : Balima Boureima/REUTERS

Pour l’instant, très peu d’informations filtrent sur le contingent ouest-africain qui devrait être déployé pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Mais l'objectif évoqué par les dirigeants ouest-africains serait de mobiliser 5.000 hommes, issus des rangs des pays membres pour faire face à l'urgence de certaines situations sur le terrain dont la crise que traverse le Niger. 

De sources militaires et diplomatiques, la Cédéao aimerait rapidement mobiliser un contingent de 1.650 soldats disponibles et prêts à intervenir immédiatement en cas de crise majeure et lorsque des militaires s'emparent du pouvoir dans l'un des pays membres. 

C'est dans ce contexte que la Cédéao avait menacé d’intervenir militairement en Gambie en 2017, pour contraindre le président Yahya Jammeh à quitter le pouvoir après sa défaite électorale.

Sur cette base, la Cédéao peut aussi intervenir au Niger pour rétablir l'ordre constitutionnel, estime l'enseignant-chercheur et analyste sécuritaire Arthur Banga. 

Les dirigeants de la Cédéao veulent mettre définitivement fin à l'iiruption des militaires sur la scène poltique
Les dirigeants de la Cédéao ont décidé d'agir vigoureusement contre le coup d'Etat au NigerImage : Xinhua News Agency/picture alliance

"La question qu’on doit se poser c’est justement la taille du Niger, les effectifs importants de l’armée du Niger, cela fait des difficultés bien sûr mais en préparant un plan d’intervention, vous le faites avec toutes ces options-là, pour mobiliser en termes d’hommes, d’équipements etc. Et puis n’oublions pas aussi que la Cédéao a tout à fait le droit de demander l’aide de ses partenaires des forces internationales notamment françaises et américaines qui sont sur place au Niger et qui peuvent donner un coup de main à la Cédéao si elle le demande bien entendu."

Des détails restent à régler

Mais pour de nombreux observateurs, il va falloir encore régler certains détails car seul le voisin nigérian est en mesure de mobiliser rapidement des soldats à la frontière sud du Niger. Mais même dans ce cas, le président Bola Tinubu doit obtenir l'aval du Sénat de son pays.  

"A part notre voisin nigérian, je ne pense pas qu’il y ait une autre force parce que la Mauritanie n’est pas d’accord, l’Algérie n’est pas d’accord, le Mali et le Burkina non plus. Et ce n’est pas le Bénin qui va nous attaquer. Et même le Nigeria, ce n’est pas Tinubu qui est très mal élu – il a été largement contesté. Et ce n’est pas le Sénat nigérian qui va donner le quitus", estime Abdoul Moumouni Abass, analyste nigérien des questions sécuritaires. 

Depuis plusieurs années, les chefs d'Etats et de gouvernement de la Cédéao essaient de doter l'organisation d’une force rapide d'intervention sans y parvenir. Mais le coup de force militaireau Niger pourrait accélérer la mise en place de la force en attente avec l'aide des partenaires internationaux engagés dans le Sahel pour lutter contre le terrorisme. Mais, même si l'option militaire est risquée, elle pourrait s’imposer selon l'analyste Arthur Banga.

"C’est une option, c’est même le dernier recours. Elle n'’est jamais souhaitable mais elle peut s’imposer", insiste l'analyste sécuritaire.

Les chefs d'état-major des pays de la Cédéao doivent se réunir pour discuter du mode opératoire d’une intervention militaire au Niger.