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Hama Amadou, une vie de lutte et de résilience au Niger

Kossivi Tiassou | Avec agences
24 octobre 2024

Sa carrière politique, jalonnée de nombreux emprisonnements et de son opposition aux présidents Tandja et Issoufou, a fait de lui une figure emblématique de la scène politique nigérienne.

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Niger - Hama Amadou
L'ancien Premier ministre du Niger Hama Amadou, a été un des dinosaures de la politique du Niger. Image : Imago/W. Prange

L’ancien Premier ministre du Niger, Hama Amadou, surnommé "le phénix", est décédé de maladie, mercredi (24.10.2024) à l'âge de 74 ans.

Né en 1950 à Youri, un village peul situé près de Niamey, Hama Amadou s’est rapidement imposé comme une figure majeure du paysage politique nigérien.

Connu également sous le surnom de "Hama+", en référence aux scarifications distinctives qu’il portait sur les joues, ses partisans exprimaient leur soutien en dessinant des "+" au feutre sur leur visage ou leurs bras lors de ses meetings populaires.

Son ascension politique débute sous la présidence autoritaire du général Seïni Kountché, qui a dirigé le Niger de 1974 à 1987. Après une première expérience en tant que Premier ministre, de 1995 à 1996, sous Mahamane Ousmane, c’est dans les années 2000 qu’il gagne véritablement en influence.

Un destin marqué par l’adversité

De 2000 à 2007, il occupe de nouveau le poste de Premier ministre, consolidant son statut d’homme politique de premier plan.

En 2009, Hama Amadou est incarcéré dans une prison de haute sécurité pour des accusations de détournement de fonds, qu’il avait qualifiées de "machination" orchestrée par le président de l’époque, Mamadou Tandja, pour l’écarter de la présidentielle.

La justice finira par lui accorder un non-lieu, mais entre-temps, Mamadou Tandja est renversé par un coup d’Etat.

Niger - Hama Amadou
Hama Amadou a été deux fois candidat à la présidentielle au Niger. Après son décès, les hommages fleurissaient sur les réseaux sociaux pour celui qui a été à deux reprises Premier ministre du Niger, de 1995 à 1996 sous la présidence de Mahamane Ousmane puis de 2000 à 2007 sous Mamadou Tandja.Image : Boureima Hama/AFP

Fondateur du Mouvement démocratique nigérien (Moden) en 2009, il crée la surprise en se ralliant à Mahamadou Issoufou lors du second tour de la présidentielle de 2011, après avoir recueilli près de 20 % des voix au premier tour.

Ce soutien décisif permet à Mahamadou Issoufou de remporter l’élection et Hama Amadou est récompensé par la présidence de l'Assemblée nationale, poste qu'il occupe jusqu'en 2014. Toutefois, il quitte la coalition au pouvoir en critiquant l’échec de la formation d’un gouvernement d’union nationale et devient le principal opposant au président Issoufou.

Un parcours politique tumultueux

En 2015, il est à nouveau incarcéré après avoir été condamné dans une affaire de trafic de bébés, mais malgré cet emprisonnement et un exil, il parvient à se classer deuxième lors de la présidentielle de 2016, avec près de 18 % des voix, sans avoir pu mener campagne.

Après une libération conditionnelle et un nouvel exil, il retourne à Niamey en 2019 pour purger la fin de sa peine. Il est cependant empêché de se présenter à la présidentielle de 2021 contre Mohamed Bazoum, successeur de Mahamadou Issoufou.

Accusé d’être l’un des instigateurs des troubles ayant suivi la proclamation de la victoire de Mohamed Bazoum, il est de nouveau emprisonné avant d’être libéré pour raisons de santé deux mois plus tard et de s’envoler pour la France.

Après le coup d’Etat de juillet 2023 qui renversa Mohamed Bazoum, Hama Amadou a fait un retour discret à Niamey, restant en retrait de la scène politique jusqu’à sa mort.