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PolitiqueNamibie

Une femme présidente en Namibie : rupture... et continuité

4 décembre 2024

Netumbo Nandi-Ndaitwah vient d'être proclamée vainqueure de la présidentielle en Namibie. Une femme présidente, c'est une première dans le pays... mais elle est membre de la Swapo, parti au pouvoir depuis l'indépendance.

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Namibie |  Netumbo Nandi-Ndaitwah lève le poing (photo du 27 novembre 2024)
Netumbo Nandi-Ndaitwah, première présidente de NamibieImage : Esther Mbathera/AP Photo/picture alliance

La Namibie vient d'élire sa toute première présidente. Netumbo Nandi-Ndaitwah est en effet la première femme à accéder aux fonctions de chef d'Etat dans ce pays aux traditions encore très patriarcales. La commission électorale l'a créditée de plus de 57% des suffrages dès le premier tour de la présidentielle.

Paradoxalement, son élection constitue à la fois une rupture… mais aussi un signe de continuité politique.

Une ancienne résistante

Netumbo Nandi-Ndaitwah l'a donc emporté sur ses rivaux politiques. Et à 72 ans, elle devient la première présidente de Namibie.

"NNN", comme ses concitoyens la surnomment, a fait partie de la résistance contre la domination sud-africaine et l'apartheid dans ce qui était alors le Sud-Ouest africain.

Depuis l'indépendance de la Namibie, en 1990,  elle a occupé de nombreux postes ministériels. Avant les élections de 2024, elle était la vice-présidente du pays.

Des valeurs conservatrices

Fille d'un pasteur anglican, Netumbo Nandi-Ndaitwah a des prises de position conservatrices sur des sujets de société comme l'avortement ou les droits des personnes LGBTQ+. L'interruption volontaire de grossesse et les relations homosexuelles sont d'ailleurs illégales dans ce pays majoritairement chrétien qu'est la Namibie.

"Par votre vote, vous aurez un impact sur votre vie et celle de chaque Namibien et de toute personne visitant ce pays au cours des cinq prochaines années."

Bien qu'en phase avec de larges pans de l'électorat, son conservatisme pourrait lui valoir quelques difficultés sur le plan international. Ainsi, peut-être, que sa formation au Komsomol, l'organisation de jeunesse du Parti communiste soviétique, dans les années 1970.

Mais au cœur de son programme se trouvait d'abord la promesse de créer des emplois et de lutter contre le taux de chômage qui avoisine les 20 % chez les jeunes et les diplômés.

Candidate, elle a promis d'investir, au cours des cinq prochaines années, 85 milliards de dollars namibiens (soit 4,4 milliards d'euros) pour créer plus de 250.000 emplois - un objectif que ses opposants jugent irréaliste.

Namibie Windhoek 2024 | Des électeurs et électrices attendant devant un bureau de vote installé dans une tente (photo du 27 novembre 2024)
L'opposition dénonce les résultats des électionsImage : Musa C Kaseke/Xinhua News Agency/picture alliance

Toujours la Swapo

Des opposants qui ont déjà indiqué rejeter les résultats du scrutin, comme Venaani McHenry, président du Mouvement démocratique populaire : "Pour nous, il ne s'agit pas de gagner ou de perdre des élections. […] mais de gagner ou de perdre dans le cadre d'élections libres et équitables. Ce qui s'est passé dans ce pays est un vol évident de la victoire des électeurs, une privation des droits des électeurs et la confiscation de leur pouvoir constitutionnel."

Certes, Netumbo fait dorénavant partie des pionnières sur le continent, en suivant les traces d'autres dirigeantes comme Ellen Johnson Sirleaf du Liberia, Joyce Banda du Malawi et Catherine Samba-Panza de République centrafricaine... mais elle demeure l'une des figures de la Swapo. Un parti au pouvoir... depuis 34 ans. Peu de chances, donc, que son mandat constitue une véritable césure politique.

"L'élection de Netumbo Nandi-Ndaitwah est un moment historique et un signal fort en faveur de l'égalité des sexes et du progrès en Afrique". C'est en ces termes que Christoph Kannengießer a salué, ce matin, les résultats de l'élection présidentielle en Namibie. Il dirige l'organisation Afrika-Verein qui tente d'établir des ponts entre les pays africains et l'économie allemande. Pour Christoph Kannengießer, Netumbo Nandi-Ndaitwah est une figure de renouvellement et de stabilité "malgré son appartenance à l'establishment de la Swapo".