Match serré à Bruxelles pour Angela Merkel
28 juin 2018En Une de tous les journaux allemands quasiment sans exception, il y a du foot, après la défaite de l'équipe d'Allemagne, hier soir, et son élimination du Mondial.
Mais il n'y a pas que du foot puisque la presse allemande revient bien entendu sur la crise politique à Berlin et le sommet sur la migration qui se tient aujourd'hui et demain à Bruxelles.
Des négociations âpres en perspective
On commence avec die tageszeitung qui écrit : "Merkel a la balle, Macron fait un appel, mais l'Italien Conté intercepte… Courte passe au ministre de l'Intérieur Seehofer, arrière de la vieille école qui serre à droite, et, encouragé par les cadres de la CSU, cherche une "Alternative pour l'Allemagne" sur l'extrême-droite où l'attendent déjà Orban et Salvini. A gauche, l'Espagnol Sanchez est tout seul, il y aurait une ouverture, mais le SPD est hors-jeu, mais où sont les supporters du jeu ouvert ?".
Plus sérieusement, les journaux analysent la faiblesse de la chancelière, prise en étau entre ses partenaires européens et l'aile droite de sa coalition, la CSU, qui fait du chantage à la fermeture des frontières aux réfugiés.
La Neue Osnabrücker Zeitung écrit : "ce n'est pas possible que les pays d'arrivée et quelques autres comme l'Allemagne portent presque à eux seuls le fardeau des migrants".
Suite du bras de fer CDU/CSU
La Süddeutsche Zeitung rappelle que le ministre CSU de l'Intérieur, Horst Seehofer, ne veut pas accueillir en Allemagne les migrants à bord du navire humanitaire allemand "Lifeline", pour, dit-il "ne pas créer de précédent".
La SZ évoque aussi la ligne dure du chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui prend au 1er juillet la présidence tournante de l'Union européenne. Une ligne qui correspond à celle de Viktor Orban en Hongrie et que le journal résume ainsi : "plus personne ne doit entrer en Europe".
La Frankfurter Allgemeine Zeitung craint pour sa part que la CSU n'ait déjà pris sa décision sur l'avenir de son alliance avec la CDU d'Angela Merkel. Et que certains en Europe, qui se plaignaient de la "domination" de la chancelière sur les questions migratoires et de son intransigeance sur la dette, ne se bousculent pas pour la sortir de sa panade politique actuelle.
La FAZ regrette également que de plus en plus de responsables politiques en Europe préfèrent endosser "la chemise nationale voire nationaliste" plutôt que le "manteau européen".
Les Gazouis ont besoin d'aide
Avec un commentaire de la Süddeutsche Zeitung titré "Le grand échec". L'éditorialiste relate les difficultés quotidiennes des Gazaouis qui n'ont pas d'eau potable, que peu de courant électrique durant la journée, qui souffrent de pénuries de nourriture et de médicaments. Or l'agence humanitaire de l'ONU (UNRWA) doit réduire son action faute de financements suffisants, ce qui est une catastrophe, écrit le journal.
La famine menace. Les responsabilités sont multiples, analyse le quotidien : le Hamas au pouvoir a échoué, le blocus total imposé par les Israéliens a étranglé la Bande de Gaza.
A quoi s'ajoute les représailles financières imposées par Donald Trump aux Palestiniens. Pourtant, il ne s'agit plus là du conflit israélo-palestinien mais bien d'humains et de leurs droits les plus fondamentaux.
Quant aux Européens, ils ont abandonné le Proche-Orient et sont coresponsables de la misère. La SZ y voit une raison de plus de considérer comme un devoir d'aider les Gazaouis.