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"La question du candidat commun ne se pose pas encore" (Martin Fayulu)

Paul Lorgerie
27 septembre 2023

Alors que l’échéance pour le dépôt des candidatures au scrutin présidentiel approche, l’ancien candidat donné vainqueur par de nombreux observateurs en 2018, maintient son refus de participer à un processus électoral qu’il juge opaque.

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DW : Monsieur Martin Fayulu bonjour, vous avez donné un discours, lundi dernier, dans lequel vous ne donnez pas votre position sur une potentielle participation à l’élection présidentielle. Resterez-vous jusqu’au bout sur cette position ?

Martin Fayulu : La préparation de ces élections est chaotique. On ne sait absolument rien, on ne connaît pas le fichier électoral et la commission électorale n’a pas voulu d’audit externe. Alors comment voulez-vous que, nous, citoyens normaux, puissions faire confiance à un fichier qui n’a pas été audité ?

Personne ne sait exactement le nombre d’électeurs dans ce fichier. Et d’ailleurs, ces électeurs sont-ils bien réels ou fictifs ? Y a-t-il des morts, des fabriqués ? Le processus continue donc, sans que les acteurs principaux connaissent les règles du jeu. 

Donc je félicite nos pères spirituels qui ont demandé à ce que le résultat soit proclamé bureau de vote par bureau de vote pendant que, eux, feront la tabulation des résultats en parallèle. Le résultat est que l’on va empêcher la Céni d’utiliser les cartes fictives. Dans ce cas, je dis oui. Et je dis que j’ai entendu l’appel des églises ainsi que l’appel de la population congolaise, ou en tout cas des Congolais, qui souhaitent à tout prix que je sois candidat.  

Pourquoi ? Parce que depuis le 19 juin, notre groupe, Lamuka, avons déclaré que nous ne déposerions pas nos candidatures à tous les niveaux, si le fichier n’est pas fiable, si l’audit externe n’est pas fait. Tout cela, c’est pour exiger la transparence. Et après, je reviendrai, pour une conférence de presse, afin de donner la position de Lamuka quant à notre participation effective aux élections du 20 décembre 2023. 

DW : L’ancien président de la Céni, Mr. Corneille Nangaa, qui dit vouloir se présenter au scrutin présidentiel, a également évoqué sa participation à un deal entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Pensez-vous que cela puisse retourner la situation ?

Martin Fayulu : Aujourd’hui, on voit Mr. Nangaa crier. Mais, si le monde était sérieux, et je pèse mes mots, Mr. Nangaa devrait dans un premier temps être interpellé. Il était président de la Commission électorale nationale indépendante et il n’était en aucun cas supposé participer à une réunion pour discuter d’un deal dont l’objectif était de placer un président malgré des résultats contraires. C’est grave. Ce monsieur aurait dû être arrêté et à partir de ce moment, nous aurions dû tout cesser. Nous n’aurions même pas dû continuer. Et là, Mr. Kadima fait exactement la même chose, voire pire. Mr. Nangaa avait tout de même organisé l’audit externe du fichier électoral. Mr. Kadima, lui, n’organise rien. 

DW : Par ailleurs, des dizaines voire des centaines de milliers de Congolais risquent de ne pas pouvoir voter, notamment en raison de l’insécurité dans le Nord-Kivu. Cela pourrait-il biaiser l’élection ?

Mais bien sûr, comment peut-on aller aux élections sans le Masisi, sans le Rutshuru ? Comment ces gens peuvent-ils se dire qu’il s’agira de leur président ? Vous savez que les citoyens congolais de Butembo, Béni territoire, Yumbi, n’ont pas voté pour la présidence de la République. Tout cela parce que, la fois passée, les organisateurs ont considéré que ces gens étaient de Lamuka et qu’il leur fallait enlever 1,3 million d’électeurs. Et malgré cela, j’ai gagné haut la main. Donc nous pensons que nous devons régler le problème du Nord-Kivu, du M23. Et je l’ai dit dans ma déclaration : la communauté internationale doit demander à Paul Kagame de se retirer de nos territoires et d’arrêter de déstabiliser le Congo. 

DW : Quid de l’alliance passée en avril dernier avec quatre autres opposants ? Vous présentez aujourd’hui vos candidatures, chacun de vos côtés, vous n’avez pas peur d’offrir un boulevard à Mr. Tshisekedi ?

La question, je vous vois venir, du candidat commun, s’il y en aura, ne se pose pas encore. Chaque parti souhaite discuter et souhaite proposer son projet de société au peuple congolais. Le moment opportun venu, nous verrons si nous voulons aller ensemble. Mais est-ce que pour battre Mr. Félix Tshisekedi, il faut un candidat commun ? Moi, je pense que Mr. Tshisekedi sera battu à plate couture.