Maroc : le "navire pour l'avortement" dérange
4 octobre 2012C'est la première fois que ce type d'action est mené dans un pays musulman qui, de plus, est dirigé par un gouvernement à majorité islamiste.
Une association marocaine dénommée Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali) est à l'origine de l'initiative. Ibtissame Lachgar, membre de cette association, espère que cette action va inciter le gouvernement marocain à légaliser l’avortement :« Il faut savoir qu'il y a entre 600 et 800 avortements par jour au Maroc, ce qui est énorme. La société marocaine ne connaît pas ces chiffres alarmants. Les conséquences de l'avortement clandestin sont dramatiques. Il y a des séquelles psychologiques, des séquelles physiques qui peuvent être graves. Nous, nous voulons légaliser l'avortement, pour justement condamner ces lois liberticides et ces lois que l'on trouve criminelles. »
Désobéissance civile
L’association Mali veut que le débat sur l’avortement au Maroc soit ouvert largement au public. « J'espère que ça ouvrira un grand débat, poursuit Ibtissame Lachgar. Le débat est déjà effectivement un peu ouvert au Maroc, mais on estime en tant que Mali, nous avons notre propre méthode... nous contournons effectivement la loi - c'est ce qui nous est reproché - mais c'est notre façon de faire : quand on trouve une loi injuste, nous la contournons. C'est aussi notre façon de faire avancer la démocratie. »
À en croire Rebecca Gomperts, fondatrice de "Women on waves", chaque année ce sont 78 femmes qui meurent dans le royaume des suites d'un avortement clandestin. Ces dernières années, l'ONG a mené des actions similaires au large de l'Irlande, de la Pologne, du Portugal et de l'Espagne, provoquant à chaque fois des protestations de groupes opposés à l'avortement.
Le gouvernement marocain, à majorité islamiste, avait appelé les autorités locales à ne pas laisser entrer le bateau dans le port de Smir. La marine était positionnée jeudi matin (4 octobre) et des forces de l'ordre empêchaient les nombreux journalistes d'accéder au site. Mais, coup de théâtre, les organisateurs du projet ont annoncé en début d'après-midi que le navire se trouvait déjà sur place depuis plusieurs jours.