Alors que la France s'apprête à une mobilisation contre le projet de loi de réforme des retraites, Marine Le Pen, la présidente du groupe parlementaire d’extrême droite Rassemblement national séjourne à Dakar, au Sénégal, jusqu'au vendredi 20 janvier 2023.
L’ancienne candidate à l’élection présidentielle en France rencontrera des acteurs politiques sénégalais et abordera avec eux plusieurs thématiques, selon ses proches : agriculture et autosuffisance alimentaire, sécurité et stabilité de la zone sahélienne. Voici la réaction de Aminata Touré. Interview.
Aminata Touré: Madame Marine Le Pen dirige un parti d'extrême droite, extrêmement raciste, xénophobe et qui cultive la haine en France. Son parti s'est régulièrement attaqué aux Africains, aux Arabes, aux musulmans. Et aujourd'hui, je pense que les autorités sénégalaises ont raté l'opportunité de symboliquement lui exprimer notre dégoût de cette politique de haine qu'elle mène depuis des années. Elle n'aurait jamais dû être autorisée à séjourner au Sénégal.
DW: Oui, mais, Aminata Touré, Marine Le Pen souhaite tisser des liens d'égal à égal, sans paternalisme avec l'Afrique et sans donner de leçons. C'est peut-être à saluer non ?
Il n'y a rien à saluer dans ce qui a été l'histoire de Marine Le Pen et l'histoire du Front national [aujourd'hui Rassemblement national, ndlr]. Son député Grégoire de Fournas a lancé au député Carlos Martin Bilongo qu'il rentre chez lui en Afrique. Si ce ne sont pas des propos racistes, vous me direz ce que c'est. Monsieur Bilongo est un Français au même titre que ce Monsieur, le député de Fournas. Et c'est ça la tradition du Front national. Justement, Madame Le Pen pense qu'elle peut venir en Afrique, comme ils ont une idée très condescendante des africains qu'elle peut venir leur servir un double langage et partir. Et par la même occasion se construire une image de personne respectable. Il n'y a rien de respectable dans le discours du Front national. Le discours du Front national n'a pas changé.
DW: Pourtant, il y a beaucoup de personnes d'origine africaine qui soutiennent sa politique et qui adhèrent même à son parti, le Rassemblement national. Et sur le continent africain, Marine Le Pen est accueillie avec faste comme c'est le cas actuellement au Sénégal.
Ça, c'est leur affaire. Si ça les laisse indifférents et qu'ils cultivent la haine de soi-même. Parce que c'est ça. C'est quelque part aussi cultiver la haine de soi-même. Je ne me serais jamais assise à la même table que des personnes qui insultent, qui sont racistes, qui tiennent des propos comme ceux de Monsieur de Fournas. Tout le monde sait que le Sénégal est un pays d'accueil et d'ouverture. Nous avons beaucoup d'étrangers qui vivent parmi nous. Et c'est très bien ainsi. Mais en même temps, le Sénégal est un pays de refus. Nous n'acceptons pas que les gens nous insultent, tiennent des propos racistes, nous attaquent et ensuite viennent séjourner chez nous. Ce n'est pas acceptable. Aucun pays ne peut l'accepter.
DW: Aminata Touré, merci.
Aminta Touré: Merci