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Manifestation contre Barkhane au Niger

Mahamadou Abdoulkarim | Avec agences
19 septembre 2022

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté pacifiquement dimanche (18.09), au Niger. Ils ont également scandé des slogans en faveur de Vladimir Poutine et de la Russie.

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Manifestant brandissant des pancartes hostiles à la France à Niamey
Manifestant brandissant des pancartes hostiles à la France à Niamey, le 18 septembre 2022Image : BOUREIMA HAMA/AFP/Getty Images

Après plus de 5 ans d’interdiction de manifester, les organisations de la société civile nigériennes ont renoué avec les manifestations pacifiques.

À l’appel du M62, plusieurs personnes ont battu le pavé à Niamey, scandant des slogans hostiles aux forces étrangères au Niger"Barkhane dehors", "À bas la France", "Vive Poutine et la Russie".

Des manifestants brandissent des panneaux favorables à la Russie
La Russie et son président appelés à la rescousse par les manifestants nigériensImage : BOUREIMA HAMA/AFP/Getty Images

Les manifestants les principales artères de la capitale avant de tenir un meeting devant le siège de l'Assemblée nationale. Selon Maikoul Zodi, le coordonnateur de Tournons La Page, c’est un devoir pour tout citoyen de manifester contre la gouvernance politique, économique et sécuritaire au Niger.

"C’est un devoir pour moi de sortir pour dire non à la mal gouvernance, à la corruption aux détournements des deniers publics pour dire non aussi à la façon dont notre sécurité est sous traitée à travers la présence des bases militaires", affirme le militant pro-démocratie.

Le Mali, modèle

Pour avoir suscité et obtenu  le départ des militaires français de son territoire,le Maliest devenu un modèle aux yeux des manifestants nigériens.  

"Aujourd’hui quand ils ont bouté la France hors du Mali, aujourd’hui les maliens ont d’abord la quiétude interne. Ils ont la paix intérieure et ils ont la paix sur le territoire. De la manière dont on fait les attaques au Burkina, et au Niger, on ne le fait pas au Mali", estime Gamatié Mahamadou, un  acteur de la société civile.

Obligation de résultats

En avril, les députés nigériens avaient largement voté en faveur d'un texte autorisant le déploiement de forces étrangères sur le territoire, notamment françaises, pour combattre les jihadistes.

Des soldats français de l'opération Barkhane en train de ranger leurs matériels avant leur départ du Mali
Des soldats français de l'opération Barkhane juste avant de quitter le Mali... pour le NigerImage : Etat-major des armées / France

C'est pourquoi, ces forces ont désormais une obligation de résultats dans la lutte contre le terrorisme estime l’analyste Amadou Boubacar Hassane. Sinon, la société civile nigérienne ne lâchera pas prise à l’image de celle du Mali.

Le juriste nigérien Amadou Boubacar Hassane explique que "si les mêmes causes pour lesquelles les forces françaises ont été décriées au Mali, si les français n’arrivent pas à engranger des résultats plausibles, ce qui veut dire que la société civile va continuer à contester leur présence et à demander leur départ. Donc en quelque sorte sur le territoire nigérien, les forces Barkhanes sont soumises à une obligation de résultats."

Défiance contre la France

Depuis plusieurs mois, plusieurs manifestations anti-françaises ont eu lieu dans plusieurs pays duSahel. C’était notamment fin novembre 2021 lorsqu'un convoi militaire de Barkhane avait été bloqué et caillassé au Burkina Faso puis au Niger.

Trois manifestants avaient été tués à Téra, dans l'ouest du Niger, dans des tirs imputés par le gouvernement nigérien à ses forces ou à l'armée française.

Le reportage de Mahamadou Abdoulkarim à Niamey

La manifestation de dimanche visait également à protester contre le coût de la vie au Niger où une récente hausse du gasoil a vite eu des répercussions sur les prix de certaines denrées. Selon des reponsables du M62, une autre manifestation a eu lieu dimanche à Dosso, une ville du sud-ouest nigérien.

Le Niger doit faire face aux attaques régulières et meurtrières de groupes jihadistes liés àAl-Qaïdaet au groupe État islamique au Sahel dans l'ouest et, dans le sud-est, à celles de Boko Haram et du groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap).

Le pays abrite depuis des années plusieurs bases militaires étrangères, française et américaine notamment, dédiées à la lutte contre les jihadistes au Sahel.

Les organisateurs se disent satisfaits de la mobilisation. Il s’agit là d’un avertissement et   promettent de revenir en force très prochainement.