Fermeture de sept marchés à bétail de Bamako au Mali
20 septembre 2024D’après les riverains, le secteur du marché à bétail de Faladié, situé à la périphérie de Bamako, a été bouclé tôt vendredi (20.09.2024) matin par les forces de défense et de sécurité. Une opération qui avait pour objectif de traquer d’éventuels suspects dans la zone et qui a duré près de deux heures, selon nos sources.
A notre arrivée sur les lieux, tout semblait normal. Pourtant, le communiqué du gouvernorat du district de Bamako précise que la fermeture des marchés à bétail devait débuter à compter de jeudi (19.09.2024).
Esaïe, un jeune éleveur du marché à bétail de Faladié, dit avoir appris la nouvelle sur les réseaux sociaux. Il ne cache pas son incompréhension.
"Les autorités ont décidé brusquement qu’on quitte les lieux sans préavis. Maintenant, nous leur demandons de nous indiquer un endroit où nous pouvons nous réinstaller ou bien de nous donner un délai pour qu’on se prépare. C’est vrai qu’il y a l’insécurité, mais nous aussi nous avons dû quitter nos villages en raison des conflits."
Stigmatisations des peuls
Le danger désormais est que certaines communautés, comme les peuls et les dogons du centre du pays, soient stigmatisées à la suite de la double attaque djihadiste de mardi.
Pour Boureima, un autre éleveur, les autorités ne font que déplacer le problème en s’attaquant aux locataires des lieux.
"Ici à Faladié, nous sommes mélangés avec plusieurs ethnies, il y a des peuls, il y a des dogons. Nous avons tous quitté les conflits dans nos localités respectives pour nous installer ici. Il se pourrait que les auteurs du double attentat viennent d’ici, mais au lieu de chasser tout le monde, il faut juste renforcer la sécurité au niveau du Grabaal."
"Si nos forces de défense et de sécurité faisaient leur patrouille comme avant à Faladié, cela aurait été bénéfique pour tout le monde. Parce que ce sont des milliers de gens qui vivent ici avec leurs familles."
Nous avons contacté Mamoudou Abdoulaye Diallo, le président de la filière bétail viande. Celui-ci affirme qu’il n'y a eu aucune concertation avant la prise de cette décision.
Toujours selon Mamoudou Abdoulaye Diallo, la fermeture des marchés à bétail pourrait avoir de lourdes conséquences sur les conditions d’abattage des animaux et la distribution quotidienne de la viande aux quatre millions de Bamakois.