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Mali : des Kidalois dénoncent une opération de communication

Paul Lorgerie
12 février 2021

Alors que Kidal accueillait une importante réunion pour la paix, les habitants de cette ville du Nord du Mali sont souvent réduits au silence.

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Kidal est le fief des anciens rebelles de la CMA
Kidal est le fief des anciens rebelles de la CMAImage : UNJU Mission in Mali

La réunion du comité de suivi de l’accord d’Alger s’est tenue pour la première fois à Kidal, dans le nord du Mali, fief des anciens rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad.

A (re)li également : Mali : réunion du CSA à Kidal, un signe vers la paix

Si les parties prenantes de l’accord sont ressorties le sourire aux lèvres de la salle, tous les Kidalois ne voyaient pas cette réunion d’un bon œil.

Des participants au comité de suivi de l'accord de paix d'Alger à Kidal
Image : UNJU Mission in Mali

Pour Aminatou Wallat Bibi, présidente d’une association de femmes de l’Azawad et membre du Comité de suivi de l’accord de paix d’Alger, les politiques et diplomates se focalisent de manière excessive sur le symbole qu’est Kidal, alors que le problème dépasse les frontières de la ville :

"L’accord ne peut pas régler les problèmes de l’Azawad. Il ne s’agit pas de Kidal seulement. Il y a encore un grand problème. Ils viennent et disent : Kidal, Kidal. Mais c’est l’Azawad, ce n’est pas Kidal."

Opération de communication

Pour elles, les participants sont venus ici pour la photo, sans que les effets escomptés des annonces en matière de développement se fassent ressentir. C’est notamment le cas de la santé, ou encore de l’éducation

"Depuis combien d’années sommes nous en retard dans l’éducation ? demande Aminatou Wallat Bibi. Depuis que nous avons des préoccupations avec l’armée malienne dans l’Azawad. Nous sommes très en retard, notamment concernant les filles. Qu’est-ce qu’on va faire avec une population où chaque génération ne va pas à l’école ?"

Retour de l'armée

Mais avant toute chose, et avant le retour de l’administration et des directions régionales, le gouvernement veut s’assurer de la bonne sécurité de ses administrateurs. C’est pourquoi, et comme prévu par l’accord de paix, l’armée doit revenir.

Si c’est le cas depuis février 2020, un combattant de la CMA fait toutefois remarquer que les soldats en question sont loin d’être opérationnels.

Des participants au comité de suivi de l'accord de paix d'Alger à Kidal
Image : UNJU Mission in Mali

Selon lui, "c’est comme une image. Ils sont basés dans leur camp, ils ne bougent pas de là-bas. Ils ne font pas de patrouille dans Kidal, ni en dehors, c’est nous qui contrôlons la ville et sa périphérie."

Il faudra encore attendre un petit peu pour que le dernier bataillon de l’armée dite reconstituée arrive dans le Camp 1 de Kidal. Son opérationnalisation suivra, promettent les personnes sur place.

Toutefois, les partenaires internationaux ont promis aux peuples de l’Azawad l’amélioration de l’infrastructure du camp de l’armée reconstituée, la construction d’un barrage hydraulique ou encore un don de deux millions d’euros pour le fonds de développement de la région.