Mahmoud Darwich, poète de l'exil
11 août 2008Mahmoud Darwich est originaire de Biroueh, près de Haïfa, un petit village de Galilée détruit comme des centaines d'autres par l'armée israélienne en 1948. La création d'Israel représente pour les Palestiniens la « Naqba », la catastophe. C'est ce nom, « Naqba », que Mahmoud Darwich donne à l'un de ses premiers poèmes. Il a alors douze ans et se fait plutôt mal voir par le gouverneur de sa province. Mais le jeune homme, brillant en lettres, dépasse vite les conflits dans l'écriture. Il apprend l'hébreu, qu'il parle et écrit couramment. Il poursuit ses études à Haïfa et découvre la politique.
En 1970, il est à Moscou, pour des études d'économie. Son chemin se poursuit au Caire et à Beyrouth, où il travaille comme chercheur et journaliste. Une vie d'errance, qu'il traduit dans l'un de ses plus beaux poèmes « Mon pays est une valise ».
C'est à Beyrouth que Mahmoud Darwich rejoint l'OLP, l'Organisation de libération de la Palestine, pour démissionner en 1993 du comité exécutif de l'organisation. 1993, c'est la signature des accords d'Oslo. Le poète n'apprécie guère une paix qu'il dit « au rabais », où il n'est pas assez question, selon lui, des réfugiés palestiniens et des colonies juives.
« Nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir", écrit-il, "espoir de libération et d'indépendance. Espoir d'une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l'école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. »
Cette violence au quotidien, Mahmoud Darwich la vivait depuis treize ans. Epris d'espoir, il était revenu en 1995 à Ramallah, non loin de sa terre natale, à la création de l'Autorité palestinienne. Son poème le plus célèbre demeure « Identité», écrit en 1964. Le thème : la carte d'identité israélienne, obligatoire pour exister en territoire occupé.