Macron imagine Merkel présidente de la Commission européenne
12 juin 2019Elle avait annoncé en octobre dernier que son mandat en cours serait le dernier et qu’elle ne souhaitait pas "briguer d’autres postes politiques". Pourtant, le président français Emmanuel Macron verrait bien Angela Merkel prendre la place de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne.
Après un mandat de cinq ans, le luxembourgeois va laisser sa place à un nouveau président de l'exécutif européen dans les prochaines semaines.
C’est à Genève, lors d’une interview donnée à la Radio Télévision Suisse, en marge des 100 ans de l’Organisation internationale du travail, que M. Macron a évoqué cette nouvelle échéance européenne.
“Je ne veux pas m’engager pour Angela Merkel pour qui j’ai beaucoup d’amitié. Le voudrait-elle (devenir présidente de la Commission européenne, ndlr), je la soutiendrais” a-t-il déclaré.
L'occasion aussi pour lui de rappeler qu'il n'est pas en faveur du système des "Spitzenkandidaten", des personnalités peu connues du grand public selon lui.
Ce procédé institué en 2013 prévoit que les présidents des groupes parlementaires soient les candidats naturels pour briguer la présidence de la Commission européenne.
Cette déclaration, en opposition avec les vœux affichés par Angela Merkel pour son avenir, est surtout un pied de nez au candidat "officiel" du PPE, Manfred Weber, membre de la CSU, lui-même soutenu par la chancelière allemande.
Les 28 chefs d'État et de gouvernement doivent se mettre d'accord sur un seul candidat. Les tractations ont commencé au sommet du 28 mai dernier qui devait lancer les nominations aux postes clés de l'UE.
L’Europe a besoin de visages
Concernant le choix du candidat, Emmanuel Macron avait affirmé que "l’Europe a besoin d’incarnation, de visages, de personnalités fortes, de gens qui ont une crédibilité personnelle et les compétences pour remplir les postes qui sont les leurs."
Il avait cité la Danoise Margrethe Vestager, le Néerlandais Frans Timmermans et le Francais Michel Barnier comme "candidats crédibles" tout en oubliant de citer Manfred Weber.
Le président français a aussi maintenu qu'il n'y avait pas d'"automaticité" de faire appel aux Spitzenkandidaten.
En toute logique, c'est le candidat du PPE qui devrait être choisi puisque c'est le groupe qui a récolté le plus grand nombre de sièges, même s'il est en léger recul par rapport au scrutin de 2014.
Mais pour parvenir à un accord sur un nom, les groupes parlementaires vont devoir former des alliances pour avoir le maximum d'eurodéputés de leur côté.
Les sociaux-démocrates ne sont pas très loin derrière avec une trentaine de sièges en moins. Ceux-ci soutiennent le Néerlandais Frans Timmermans qui est aussi l'actuel premier vice-président de la Commission européenne.
Au centre, se trouve Margrethe Vestager du groupe des centristes libéraux (ALDE), que les eurodéputés du parti du président Macron la République en marche ont intégré.
Une fois le candidat déterminé par le Conseil européen, les eurodéputés devront voter à la majorité absolue (376 voix) pour le désigner. Le candidat à la présidence de la Commission européenne devrait être révélé lors du sommet des 20 et 21 juin prochains.