L'Iran, un an après
10 juin 2010« Le mouvement démocratique continue en Iran, malgré la violence et la répression. Il a une structure horizontale et est organisé comme un réseau social. Cette révolution verte est indestructible, on ne peut pas l'arrêter. Au contraire, elle s'étend de jour en jour. »
Le 12 juin 2009, Mahmoud Ahmadinejad avait été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle. L'opposition, menée par ses deux principaux rivaux, Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, avait crié à la fraude. Dans un élan spontané, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour protester. Mais contrairement à d'autres élans démocratiques, ce qui s'est passé en Iran n'est pas une révolution, estime Daryoush Homayon, un exilé iranien vivant à Paris :
« Ce n'est pas un mouvement de résistance du type de ceux qui conduisent à une révolution. Ce mouvement réformiste est une sorte de révolution de la conscience. Les groupes qui y participent ont constaté qu'on ne peut plus diriger le pays avec la culture politique dominante. C'est elle qu'ils veulent changer. »
La réponse du gouvernement iranien a été sans équivoque : répression et arrestations en masse, viols et torture dans les prisons, condamnations à mort et exécutions. Les autorités ont également fermé des journaux de l'opposition, tenté de museler les sites Internet et les réseaux sociaux du type Facebook. Pour Mohammad Reza-Djalili, professeur à l'Institut des hautes études internationales et du développement de Genève, l'Iran est dans l'impasse :
« La politique de M. Ahmadinejad depuis un an est une politique de la répression et seulement de la répression. Il n’a ouvert aucun de terrain de négociation avec l’opposition. Le régime ne parvient pas résoudre le problème et essaie même de le nier. »
Pour le spécialiste, la situation est tout à fait bloquée. Il y a une « vraie fracture entre la société et l’Etat, mais aussi à l’intérieur du système puisqu’une partie des dirigeants de l’opposition sont des anciens dirigeants du régime islamique ».
Auteur : Fahime Farsaie et Anne Le Touzé
Edition : Sandrine Blanchard