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Saïf al-Islam Kadhafi, candidat malgré le mandat de la CPI

15 novembre 2021

Recherché par la Cour pénale internationale, le fils cadet de Mouammar Kadhafi a déposé sa candidature à l’élection présidentielle du 24 décembre.

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Saïf al-Islam Kadhafi en août 2008 à Sebha, dans le sud de la Libye
Saïf al-Islam Kadhafi en août 2008 à Sebha, dans le sud de la LibyeImage : MAHMUD TURKIA/AFP/Getty Images

Saïf al-Islam Kadhafi, le fils cadet de l'ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi, a déposé le 14 novembre son dossier de candidature à l’élection présidentielle du 24 décembre 2021. 

Il est le premier acteur politique de premier plan à faire acte de candidature, sous réserve de sa validation par la Haute commission électorale (HNEC). Et il est toujours recherché par la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité".

Mouammar Kadhafi est mort le 20 octobre 2011 aux environs de  Syrte, (nord de la Libye)
Mouammar Kadhafi est mort le 20 octobre 2011 aux environs de Syrte, (nord de la Libye)Image : Khaled Desouki/AFP/Getty Images

Dix ans après la mort de Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011, la Libye demeure plongée dans une guerre civile fratricide. Conséquence: beaucoup de Libyens regrettent son ère en dépit de son caractère autocratique car selon eux, elle offrait une quiétude sociale. Est-ce que Saïf al-Islam Kadhafi peut capitaliser sur la nostalgie de ses concitoyens ?

Réponse de Jalel Harchaoui, chercheur, spécialiste de la Libye au sein du think tank Global Initiative, à Genève, en Suisse.

"Il est assez indifférent à cette possibilité. Ce qui est important pour lui, c'est le choc psychologique que cela produit, à un moment ou le processus électoral est particulièrement vulnérable."

Rivalités internes

"Beaucoup reprochent à Saïf al-Islam Kadhafi d'avoir négocié avec les islamistes" (Roumiana Ougartchinska)

Même s’il bénéficie du soutien, notamment, de membres du clan de son père, les Gadhafa, et d’une frange de nostalgiques du régime Kadhafi, Saïf al-Islam Kadhafi doit faire face à des rivalités au sein de son propre camp, estime Roumiana Ougartchinska, journaliste d’investigation, spécialiste de la Libye et co-auteure du livre Pour la peau de Kadhafi, paru en 2013 aux éditions Fayard :

"Il y avait des luttes internes très importantes sous le régime Kadhafi. Et il y a également tous ceux qui, aujourd'hui encore, lui reprochent d'avoir ouvert la boîte de Pandore, quand il a décidé de négocier avec les islamistes, de les réhabiliter, de les faire libérer. Et ils estiment que le drame que vit la Libye, c'est le résultat de ce qu'il a fait."

Pression de la CPI

En novembre 2011, Saïf al-Islam Kadhafi est capturé par un groupe armé à Zenten, dans le nord-ouest du pays. Quatre ans plus tard, il est condamné à mort par contumace par un tribunal de Tripoli pour avoir réprimé la révolte populaire de 2011.

Recherché depuis 2011 par la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité", le fils du guide libyen n'a jamais été livré par ceux qui l’ont capturé et continue de circuler librement en Libye. Cette situation va-t-elle continuer ? 

"Les ennemis de Saïf al-Islam Kadhafi vont se remobiliser" (Jalel Harchaoui)

"C'est une chose de pouvoir circuler comme ça, quand on n'a pas encore fait son retour médiatique. Mais, depuis hier (14.11), son retour médiatique a été fait. Donc il y a une situation de visibilité qui est beaucoup plus extrême. Ça veut dire que ses ennemis vont  être un peu plus mobilisés. Et il sera intéressant de voir s'il peut encore circuler librement dans les jours qui suivent", affirme Jalel Harchaoui.

Fadi Abdallah, le porte-parole de la CPI a récemment déclaré à la chaîne Libya al-Ahrar, que "la situation de Saïf al-Islam Kadhafi  à la CPI n'a pas changé. D'après la notice publiée en 2011, il est donc toujours recherché" par la justice internationale.