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Guinée : joie et colère à la libération des leaders du FNDC

Abdoulaye Sadio Diallo
11 mai 2023

Les trois leaders du Front national pour la défense de la Constitution sont libres. Mais la méthode exaspère.

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Un homme tient des drapeaux lors d'une manifestation du FNDC en 2020
Les membres du Front national de défense de la Constitution manifestent régulièrement pour la défense des droits civiquesImage : CELLOU BINANI/AFP/Getty Images

En Guinée, après neuf mois de détention à la prison centrale de Conakry, les leaders du Front national pour la défense de la Constitution, le FNDC, ont été libérés dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 mai. Oumar Sylla, le coordinateur national du mouvement, ainsi que Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah, ont retrouvé leur famille. Si leurs proches sont soulagés par cette libération, les avocats déplorent que cette relaxe ait été décidée par la junte au pouvoir, au mépris des procédures en cours.

Libération dans la nuit

Après la manifestation, conduite à l'appel des forces vives de Guinée, qui a causé -selon les organisateurs, la police elle conteste le chiffre ce jeudi soir- la mort d'au moins sept personnes ce mercredi à Conakry, les leaders du FNDC ont été libérés tard la nuit, aux environs de 23h. Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, coordinateur national du mouvement, Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah ont tous été mis en liberté "sans aucune condition", même s'ils attendent la tenue de leur procès dans les prochains jours. 

Dans les familles des responsables politiques libérés c'est la joie. "On est très content", réagit Salimou Fofana, cousin de Fonike Mengue. "Sincèrement, il nous a manqué quand il n'était pas là". Ce jeudi Salimou Fofana devait aller au travail, mais a finalement renoncé pour rester auprès de son cousin. "On va toujours le soutenir parce que ça nous réconforte. Il est en train de faire un travail non pas pour lui-même, pas pour sa famille, mais pour toute la nation guinéenne."

Colère des avocats

Les activistes sont libres mais la manière employée est critiquée par le collectif d'avocats qui défend leurs dossiers. Maitre Salifou Beavogui dénonce une justice aux ordres. "Hier, la cour suprême a regretté le pourvoi dilatoire qui été introduit par le parquet général. On devait se retrouver ce matin ou les jours qui vont suivre devant le tribunal de première instance de Dixinn pour que la justice nous dise pourquoi ils ont été privés de leur liberté et qu'on se défende pour qu'elle décide en souveraineté", raconte-t-il. "Je regrette que la juste soit mise à terre, que le droit n'ai pas été dit et que ce soit la politique, l'influence et le non-droit qui aient triomphé dans cette affaire." 

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Les agissements de la justice guinéenne dans le cas des leaders du FNDC n'ont pas choqué que leurs avocats. Le barreau de Guinée a lui aussi animé un point presse ce jeudi pour dénoncer l'ingérence de l'exécutif dans le pouvoir judiciaire. Le président de l'Ordre des avocats de Guinée, Mamadou Souare Diop, annonce même une action de protestation. Une journée sans audience sur toute l'étendue du territoire national aura lieu lundi prochain, le 15 mai. 

Pour désamorcer le conflit politique guinéen, qui dure depuis plusieurs mois, le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, avait reçu les responsables religieux, médiateurs dans la crise, ce mercredi. C'est à la suite de cette entrevue, comme cela avait été annoncé sur la page Facebook du ministère, que la décision a été prise de libérer Oumar Sylla, Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah.