Les Tchadiens sceptiques avant la conférence de Paris
24 août 2017Selon le gouvernement tchadien, il sera question au cours de cette rencontre de Paris, prévue du 6 au 8 septembre, de présenter un Plan national de développement qui devrait s'étaler jusqu'en 2030.
Une vision cohérente avec l'Agenda 2063 de l'Union africaine et les Objectifs du millénaire pour le développement (ODD) 2016-2030, auxquels le Tchad a souscrit.
Selon le ministre de l'Économie et de la planification du développement, président du comité d'organisation de cette table ronde, Ngueto Tiraina Yambaye, à ce jour, plus de 300 projets d'une valeur d'environs sept mille milliards de francs CFA ont été mobilisés pour convaincre les bailleurs.
"Les projets publics déjà ficelés s'apprécient à environ quatre mille milliards de francs CFA et les projets privés d'un montant approximativement d'environs trois milles milliards", affirme Ngueto Tiraina Yambaye. "Une bonne partie du financement reviendra au secteur privé. Il faudrait une union sacrée autour de ce grand projet qui va transformer la perception de notre pays en nouvelle destination économique pour les investisseurs en Afrique."
La population tchadienne n'attend rien de la rencontre de Paris
Dans les rues de N’Djamena, beaucoup de citoyens n'en savent pourtant pas grand chose. Et ils sont sceptiques quant à la gestion des fonds qui seront issus de cette table ronde.
"Le contenu de cette rencontre est totalement ignoré par les Tchadiens. Nous ne savons pas de quoi il s'agit", explique Freeman Sandjibaye, enseignant à N'Djaména.
J'ai appris que c'est une conférence des donateurs qui vont collecter de l'argent pour le Tchad. Comment va-t-on gérer les fonds issus de cette rencontre ? On s'interroge. Parce que le pétrole a généré assez de ressources pour aider les Tchadiens à mieux vivre mais les gens ont dilapidé ces fonds en un rien de temps. Donc, on n'attend rien de cette rencontre", poursuit-il.
L'initiative en question n'est pas mauvaise, estime l'économiste Djimasra Nodjitidjé Nestor. Cependant il attire l'attention du gouvernement tchadien et des partenaires quant à la gestion des fonds qui seront mobilisés à cette occasion.
"Le Tchad traverse présentement une crise économique et financière sans précédent. Et donc vraiment, il faut attirer l'attention du gouvernement sur la gestion des fonds qui seront mobilisés", explique Djimasra Nodjitidjé Nestor. "Il faudrait que ces fonds soient gérés convenablement pour que ces projets puissent donner du souffle à l'économie nationale."
Il faut dire que la tâche ne sera pas facile pour le gouvernement tchadien. Il devra non seulement convaincre les bailleurs mais également faire face aux activistes tchadiens résidant à Paris qui s'opposent à cette table ronde.
Sans oublier l'opposition qui n'exclut pas de dépêcher une délégation à Paris pour une contre-conférence avant la tenue officielle de cette rencontre.