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Les séquelles de la guerre civile de 1979 toujours vivaces

Blaise Dariustone
12 février 2019

Il y a 40 ans, le Tchad basculait dans une guerre civile. Ce conflit a profondément divisé les nordistes musulmans et chrétiens sudistes.

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Tschad Militär Soldaten
Photo d'illustration Image : picture-alliance/dpa

Tout est parti du Lycée Félix Éboué, le 12 Février 1979, lorsqu’un groupe d’élèves nordistes a fait irruption dans une salle de classe pour demander au professeur d’arrêter les cours afin de leur permettre de faire passer un communiqué du CCFAN, le Conseil de commandement des forces armées du Nord dirigé par Hissein Habré, premier ministre du Général Félix Malloum, président de la République à l’époque. 

Les élèves sudistes se sont opposés et la bagarre a éclaté entre les deux camps. Des gendarmes en faction non loin du lieu sont alors intervenus pour ramener le calme. 

Ces derniers ont été pris à partie par des soldats du CCFAN. Des tirs se sont ensuite intensifiés dans plusieurs endroits de la capitale.

Ngrabé Ndôh était à l'époque préfet du Chari-Baguirmi, la province de l’actuel N'Djamena, la capitale du Tchad.


"Les élèves commençaient à monter vers la présidence quand ils ont été stoppés par les militaires. Alors il y a un ami qui m’a appelé, il m’a dit qu'il y a des émeutes etc... Donc je suis sorti de mon bureau, j’arrive à la place Éboué Leclerc, les gens m’ont encerclé. J’ai dis à mon garde corps de ne pas sortir son arme par ce qu’ils risquent de nous tirer dessus immédiatement. J’étais devant, mon garde corps derrière moi et le chauffeur fermait la portière. J’ai entendu des coups de feu, je me retourne et je vois que c’est mon chauffeur qui a été abattu, le garde-corps a été blessé au bras, il est encore vivant. J’ai fui par le fleuve pour revenir au bureau parce qu’ils ne me connaissaient pas. C’est comme ça que j’ai échappé à la mort le 12 février 1979."

 

 

Le pays sombre dans une spirale de violence 

Divisé entre plusieurs tendances politico-militaires, le Tchad est donc entré dans une spirale de violence qui a duré presque trois ans jusqu’à la prise du pouvoir par Hissein Habré en juin 1982. 

Depuis lors, la cohabitation entre les Tchadiens du Nord et ceux du Sud reste difficile, regrette l’universitaire Ali Abdelrhamane Haggar, qui était élève en classe de Terminale à l’époque.


"A l’époque il n'y avait pas des quartiers des sudistes et des nordistes. On s’éclatait sur les terrains de football au Tchad. Et aujourd’hui il y a un tanga sud et un tanga nord, métaphore du clivage Nord-Sud dans les sociétés africaines maintenant à N’Djamena. Et c’est pourquoi je fais partie des gens qui voudraient que s'il y a de bons politiciens au Tchad, il va falloir commencer à redessiner l’aménagement sur la base de l’intérêt professionnel des gens, des congrégations etc... Mais pas continuer à parquer les gens dans ces bantoustans qui ne font pas plaisir à tous le monde. Hissein Habré porte une grande responsabilité dans ce qui est arrivé dans ce pays". 

Quarante ans après, la guerre est loin de prendre fin au Tchad. La semaine dernière, un mouvement rebelle venu de la Libye a fait incursion sur le territoire tchadien. 

Il a fallu l’intervention des avions français pour stopper l’avancée de ce mouvement rebelle dirigé par Timane Irdimi, neveu de l’actuel Chef de l’État Idriss Deby Itno. Une situation qui a obligé la majorité présidentielle à mettre sur pied un comité de veille afin de suivre la situation au nord-est du pays.