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Nouveau blocage au Soudan

Henri Fotso
31 juillet 2019

Les négociations entre le mouvement civil et les militaires au pouvoir accusent un nouveau retard. Elles auraient dû reprendre mardi mais la mort, lundi, de six manifestants dont cinq lycéens, a changé la donne.

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Sudan Khartoum | Mohamed Hamdan Dagalo und Protestführer unterschreiben Abkommen
Image : Getty Images/AFP/H. El-Tabei

Les leaders de la contestation civile au Soudan n’étaient pas à Khartoum, mardi, mais à 424 km de là, dans la ville d’Al-Obeid où des snippers ont tiré sur une foule de manifestants, lundi, tuant cinq lycéens. Du coup, la reprise des négociations pour une "Déclaration constitutionnelle" n’a pas pu avoir lieu.

La tension est toujours très forte dans ce pays de 41 millions d’habitants, comme le confirme, depuis Khartoum, le politologue Alrasheed Muhamed Abrahim : "La situation n'est pas bonne jusqu'à maintenant. Il y a plusieurs raisons. Par exemple la situation au Nord-Kordofan. Peut-être qu’il y a une concertation au sein du Conseil militaire." 

Manque de crédibilité des militaires

Certes, le Conseil militaire au pouvoir a, par la voix de son chef, le général Abdel Fattah al-Burhane et celle du gouverneur du Nord-Kordofan, le général Al-Sadiq Al-Tayeb, condamné les violences de lundi. Mais les contestataires ont refusé de s’asseoir autour d’une même table avec ceux qu’ils accusent d’assassiner les révolutionnaires.

"La difficulté, c’est d’essayer de convaincre de la bonne foi de ces militaires et de ces miliciens qui vont céder une partie du pouvoir, estime Jacky Mamou, analyste. C’est très difficile à croire dans ces conditions-là. Donc qu’il y ait des hésitations, des divisions au sein de l’opposition, c’est absolument naturel, malheureusement."

Les contestataires accusent de crimes graves les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), dirigées par le numéro deux du Conseil militaire, Mohammed Hamdan Daglo. Celui-ci était reçu au Caire, par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi au moment des attaques meurtrières de lundi.  

L'ONU impuissante

L'ONU a réclamé mardi une enquête sur la mort des cinq lycéens. Mais pour l’analyste Jaky Mamou, les Nations Unies ne sont qu’une autorité morale, sans efficacité directe. Il rappelle notamment le mandat d’arrêt infructueux contre l’ancien président Omar El-Béchir. Selon lui, l’Onu est "une force de référence pour un certain nombre de pays démocratiques qui peuvent s’appuyer sur les résolutions de l’ONU pour augmenter plus la pression sur les militaires soudanais. Mais c’est tout. Ce sont des pressions indirectes. C’est un appel moral. Mais ça n’a ni d’efficacité ni de contrainte."

Un accord est intervenu le 17 juillet dernier sur le partage du pouvoir entre civils et militaires soudanais. Il prévoit une transition de trois ans et trois mois.