Les funérailles du pape mobilisent le monde entier
8 avril 2005À une époque où la messe est dite le dimanche dans des églises à moitié vides, on se rend par million au chevet de Karol Wojtyla, constate la Süddeutsche Zeitung. Moins que de prière quotidienne, cette dévotion vit désormais de l’événementiel. Elle remplit les lieux saints lorsqu’un tsunami emporte 300000 victimes, ou des terroristes détournent des avions de ligne sur un gratte-ciel. Plus l’ordinaire se sécularise, plus les rites religieux prennent de l’importance pour gérer l’extraordinaire. En revanche rien d’étonnant dans la querelle opposant la Chine et Taiwan, si ce n’est qu’elle se poursuit au pied du tombeau du pape. L’annonce de Pékin de ne pas envoyer de représentant aux funérailles, juge le journal, est une petite victoire de la république insulaire rarement invitée à ce genre d’événement : seuls 25 petit pays reconnaissent sa légitimité. Parmi eux le Vatican, son unique allié diplomatique en Europe.
Même son de cloche dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui remarque que le receuillement n’est vraisemblablement pas le seul motif expliquant pourquoi des millions de gens ont fait le déplacement pour prendre congé de Jean-Paul II. Ce tourisme de masse autour du deuil a développé sa propre dynamique. Ceci dit, parmi les politiciens et hommes d’état présents, tous ne sont pas venu présenter leurs derniers hommages le coeur lourd et sans arrière-pensée politique. Mais il est vrai aussi que ces funérailles rassemblent des millions d’individus de tous horizons. C’est là le mérite du défunt, dont l’autorité mise au service notamment de la paix et du rapprochement des peuples a peut-être laissé des traces.
La frankfurter Rundschau quant à elle, parle plutôt du charisme du pape polonais, faisant remarquer que les images impressionnantes de la foule et le respect unanime sont des égards qui lui reviennent, mais n’éludent pas la crise qui touche l’Eglise. Croissant, était le nombre de gens qui voulaient voir le pape, pas l’entendre. Ses dernières encycliques ne soulevaient aucun débat, on les saluait, au plus, par un haussement d’épaule. Et à la fin, le pape dans sa souffrance a éclipsé toute autre image de l’Eglise catholique.