Les Etats-Unis et la Russie se confrontent en Syrie
21 octobre 2015Les Etats-Unis ont signé un mémorandum avec la Russie, pour que leurs pilotes de chasse respectifs présents en Syrie ne se prennent pas pour cibles réciproques. Peut-être un nouveau signe de fébrilité de Washington qui a adopté il y a quelques jours une nouvelle stratégie en Syrie, en réaction aux frappes aériennes russes sur le terrain. Le Moyen-Orient, et la Syrie en particulier, se commuent de plus en plus en champ d'altercation entre les deux principales puissances militaires rivales au monde : Washington et Moscou.
Deux tactiques à l'œuvre
En Syrie, les Etats-Unis et la Russie ont pour objectif déclaré d'en finir avec les djihadistes du groupe « Etat islamique » ou du Front al-Nosra, mais avec des appuis et des tactiques bien différents. Steve Warren, porte-parole du Pentagone, critique un double langage des Russes :
« Ils disent qu'ils combattent le groupe Etat islamique mais en réalité, ils prolongent leurs raids aériens arbitraires et la souffrance de la population syrienne. »
Les Etats-Unis dirigent en Syrie et en Irak une coalition internationale qui mène des raids aériens, en s'appuyant sur les rebelles kurdes au sol, notamment. Et jusqu'à son changement de tactique début octobre, Washington misait aussi sur la formation et l'équipement de combattants pro-américains par milliers dans divers pays de la sous-région – un programme à 500 millions de dollars assez inefficace.
Répartition stratégique
Alors les Etats-Unis ont commencé à employer le reste de leur enveloppe à larguer des armes et des munitions dans des zones sous contrôle de la milice kurde des «Unités de protection du peuple », dans le nord-est de la Syrie. Une tactique aventureuse puisqu'il est difficile de savoir qui récupère les armes parachutées, pas si loin de Raqqa, le fief du groupe « Etat islamique ».
Moscou appuie, par des frappes aériennes dans le centre et l'ouest du pays, les forces fidèles à Bachar al-Assad, son allié historique – qui est aussi l'ennemi juré du moment des Etats-Unis.
Vladimir Poutine, lui, affirme que la lutte contre le groupe Etat islamique reste son principal objectif. Mais signale aux Etats-Unis que rien ne l'empêchera de continuer également à lutter contre le terrorisme international – qui inclut aussi les alliés kurdes anti-Bachar des Etats-Unis.
Des divisions renforcées
Les raids russes et américains, non-coordonnés, renforcent ainsi la division des forces en présence sur le terrain et les fronts déjà ouverts entre le régime, les combattants kurdes, les milices arabes et les djihadistes. A l'heure où tous les analystes s'accordent pour dire que la solution du conflit syrien ne se trouve pas dans l'option militaire.