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Les enseignants soudanais rejoignent la contestation

Sandrine Blanchard | Anne Allmeling
3 juillet 2019

À cause de la crise, les élèves n’ont pas pu reprendre le chemin de l’école. Les enseignants se joignent au mouvement de protestation pour réclamer un gouvernement civil, mais aussi davantage de moyens pour l’éducation.

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Sudan Khartum Massenproteste der Opposition
Image : AFP/E. Hamid

L'année scolaire devait commencer le 16 juin, au Soudan. La date officielle de la rentrée a ensuite été repoussée au 30 juin. Mais à cause de l'instabilité politique, les élèves n'ont toujours pas pu reprendre le chemin de l'école.

Les syndicats d'enseignants se joignent au mouvement de protestation pour réclamer un gouvernement civil, mais aussi davantage de moyens pour l'éducation et des programmes scolaires qui ne soient pas dictés par les militaires. 

Des enseignants en colère

Conférence de presse d'enseignants en colère, dans un immeuble de Khartoum. Omar Mohammed est professeur de mathématiques. A 35 ans, il n'a quasiment connu qu'Omar el-Béchir comme président.

Kühe im Klassenzimmer Süd-Sudan
Image : Reuters/S. Glinski

"Nous avons besoin d'un gouvernement civil. Seuls les civils peuvent élaborer des programmes scolaires sur des bases nouvelles. Mais c'est toujours l'ancien système qui est au pouvoir et qui dicte la politique de l'enseignement."

Depuis le renversement d'Omar el-Béchir, en avril, les changements à la tête du pays ne vont pas assez vite, selon l'opposition. Il y a un mois, le 3 juin, une centaine de personnes ont été tuées dans la répression d'un sit-in devant le QG de l'armée.

"Il nous faut renouveler les vieux programmes et les outils pédagogiques. Nous avons besoins de moyens et de méthodes d'enseignement modernes, par exemple d'utiliser des ordinateurs et internet, pour que nos élèves soient à la page."

Internet, instrument de mobilisation de la société civile

C'est ce que veulent empêcher les militaires au pouvoir : internet est quasiment coupé, Facebook et Twitter ne fonctionnent plus dans le pays.

Hadi Hassaballah ne se laisse pas impressionner pour autant. Professeure d'université, elle milite pour les droits des femmes et des jeunes filles:

"Le régime de Béchir a gouverné ces dernières années d'après une doctrine islamiste. Le vrai combat, c'est d'éclairer les gens sur la religion. C'est extrêmement important. Pour cela, il faut un meilleur enseignement, surtout des femmes. Le plus grand défi selon nous, c'est de changer notre perception de la religion islamique."

Ce ne sera pas facile, tant que le chômage sera si fort, la corruption omniprésente, et surtout que les autorités ne feront pas de l'éducation des enfants leur priorité.

Omar Mohammed, le professeur de mathématiques, déplore que le budget dédié à l'éducation ne représente "que 2% du budget de l'Etat".