"Les droits fondamentaux du citoyen dans les situations d'urgence", un symposium germano-chinois à Pékin...

- Devant la presse à Pékin, la ministre allemande de la Justice, Brigitte Zypries s’est montrée résolument optimiste... A l’issue du cinquième symposium juridique germano - chinois, la ministre social-démocrate a déclaré que ces consultations à huis clos se sont déroulées dans une bonne atmosphère et de manière positive. Des progrès sur la voie de l’Etat de droit ont été réalisés par la République Populaire, selon la ministre allemande. Les citoyens disposent aujourd’hui de libertés impensables il y a encore quelques années. Mme Zypries a cependant souligné que l’on ne peut pas s’attendre à des résultats concrets immédiats de ce symposium. Un symposium qui s’est déroulé dans le cadre du dialogue juridique instauré en 1999 déjà entre Berlin et Pékin. Le ministère chinois de la justice est en train d’élaborer une législation d’urgence et le conseil de différents juristes et experts allemands est le bienvenu. Parmi les personnalités de haut rang venues d'Allemagne pour participer aux débats: la vice-présidente du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand Antje Vollmer, ou bien encore le président de la Cour Fédérale Suprême, Günter Hirsch. Ce dialogue juridique, louable dans ses intentions, fait cependant l’objet de vives critiques de la part de différentes organisations des droits de l ’Homme qui ne voient jusqu’ici aucune amélioration en ce qui concerne le sort des dissidents et membres d’une opposition toujours opprimée par les autorités chinoises. Le thème même de ce symposium de Pékin « Les droits fondamentaux dans les lois d’exception » a été contesté. Pour les défenseurs des droits de l’Homme, parler des droits fondamentaux dans des situations d’urgence, alors que ces droits ne sont toujours pas respectés en temps normal, n’a guère de sens...Un exemple qui s’est produit dans la province de Hubei, au moment même où se déroulait le symposium de Pékin semble le confirmer: Un activiste internaute des droits civiques, Du Daobin a été formellement accusé par un tribunal de" saper l’autorité de l’Etat ". Son seul crime: oser s’exprimer librement sur Internet... S’adressant à des étudiants à l’Université de Pékin, Brigitte Zypries a exprimé son inquiétude à propos de la censure de l ’ Internet en Chine. La ministre allemande de la Justice n’a toutefois pas fait allusion au cas actuel de Du Daobin... Des dizaines de milliers de personnes sont toujours incarcérées dans des camps de travail aux conditions inhumaine. La liberté de presse et le droit à l’information semblent réservés au Comité central du Parti communiste. Et Pékin ne veut toujours pas entendre parler de l’abolition de la peine de mort...Amnesty International parle de 700 exécutions l’année dernière, alors que d’autres organisations avancent même le nombre de 10.000 voire de 25.000...

... La ministre régionale de la Justice du Land de Berlin, la social-démocrate Karin Schubert qui a aussi participé au symposium de Pékin , espère, elle que les lois d’urgence préparées par Pékin permettront au moins aux juristes chinois de définir ce que sont les droits de l’Homme...

Naturellement, le dialogue sur la législation de l’Etat de droit est important quand il s’agit par exemple de la sécurité juridique pour les investisseurs étrangers en Chine. Et naturellement, l’Allemagne, on le sait, a de gros intérêts économiques en Chine. Mais qu’en cette cinquième année de dialogue germano - chinois sur la législation de l’Etat de droit, on passe sous silence le thème des Droits de l’Homme, c’est regrettable ...

En mai - juin 2005 doivent avoir lieu les prochains forums de ce dialogue germano - chinois à Hambourg dans le nord de l’Allemagne, ainsi qu’en Chine dans la vieille ville impériale de Xi’an, sur le thème : la « participation des citoyens dans le processus législatif ». YPeut-être y parlera-t-on cette fois des droits de l’Homme...

Ph.Pognan...