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Les dangers du retour pour les réfugiés syriens

18 février 2018

Plusieurs ONG humanitaires ont publié un rapport soulignant les dangers qui attendent les Syriens réfugiés dans les pays limitrophes, lorsqu'ils sont rapatriés où qu'ils rentrent volontairement dans leurs pays.

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Syrien Flüchtlinge Libanon
Image : UNICEF/Ramzi Haidar

S'ils retournent en Syrie, les réfugiés syriens encourent de graves dangers, met en garde un rapport publié le 5 février. Depuis le début du conflit en mars 2011, plus de 5 millions de personnes ont fui la Syrie. Plus de 4,5 millions d'entre eux sont restés dans les pays de la région : selon les chiffres du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (UNHCR), ils seraient plus de 3 millions en Turquie et plus d'un million au Liban, près de 650 000 en Jordanie. Dans ces pays, le poids économique de l'accueil de cette population suscite depuis quelques moins un véritable débat sur la possibilité de leur retour, alors qu'en Syrie de nombreuses zones relativement stables. Au Liban notamment, de nombreuses voix se sont élevées au sein de la classe politique et jusqu'au sommet de l'Etat pour appeler au retour des réfugiés syriens. 

Or, le rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés, de Save the Children et d'autres ONG demande aux pays qui accueillent des réfugiés syriens de peser soigneusement la décision de les renvoyer dans leur pays d’origine en raison des dangers qu'ils y encourent.

"Le conflit en cours et l'insécurité, le manque d'accès aux services, y compris à l'eau, à la santé, à l'éducation et à l'électricité, et les moyens de subsistance limités, tous ces problèmes doivent être résolus afin que les réfugiés aient la possibilité de rentrer chez eux en toute sécurité et dans la dignité", peut-on lire dans le rapport. 

"Notre principal argument aujourd'hui est que la Syrie est un pays extrêmement dangereux", a déclaré à InfoMigrants Karl Schembri, conseiller régional pour les médias au Moyen-Orient auprès du Conseil norvégien pour les réfugiés. "S’il y avait un cessez-le-feu durable à travers le pays, nous pourrions alors avoir des réfugiés syriens qui rentrent chez eux sans risque."

"Pour ce rapport, nous avons parlé à des personnes dont des membres de la famille avaient été renvoyés en Syrie, ainsi qu’à des Syriens vivant au Liban et en Jordanie et qui ont peur de rentrer chez eux", a déclaré M. Schembri. "La majorité des Syriens veulent retourner dans leur pays mais ils sont extrêmement inquiets."

Syrien Luftangriff auf Idlib Geburtsklinik zerstört
Une clinique après une attaque aérienne en SyrieImage : picture alliance/AP Photo/Save The Children

Le rapport est divisé en quatre parties. La première, intitulée "La pression pour le retour des réfugiés" montre que des pays tels que la Jordanie et le Liban ont fermé leurs frontières et renvoyé les réfugiés syriens chez eux. La seconde partie, "Toujours pas assez sûr pour un retour", décrit les dangers que rencontrent les rapatriés en Syrie, et la troisième, "A la recherche d’autres solutions : les options se réduisent, les contraintes augmentent", exhorte les pays d'accueil à améliorer les procédures d'asile et de réinstallation.

Le rapport cite différents réfugiés syriens qui ont été déplacés. Raneem (nom modifié par les auteurs du rapport), une mère de sept enfants et réfugiée syrienne vivant en Jordanie, a par exemple déclaré :

"Nous ne pouvons pas y retourner maintenant, notre maison a été détruite, il n'y a pas de marchés et nous ne pouvons pas nous promener librement."

Réinstallation

Karl Schembri a déclaré à InfoMigrants que, selon lui, les pays plus riches comme les États-Unis et le Canada devraient accueillir davantage de réfugiés syriens.

Le rapport souligne également les insuffisances dans la manière dont certains pays d'accueil traitent les réfugiés. En Jordanie, 20% des réfugiés syriens n’ont pas reçu de papiers d’identité de la part des autorités. En Turquie, le gouvernement va avoir besoin d’environ 10 000 écoles pour pouvoir loger à la fois les réfugiés et les enfants de la communauté d’accueil. Au Liban, en juin dernier, les Forces armées libanaises ont attaqué des combattants dans le village d’Ersal dans le nord de la plaine de la Bekaa. De nombreuses violations des droits de l'homme ont alors été commises envers les réfugiés. Sultan (nom modifié par les auteurs du rapport) explique: "Je n'oublierai jamais les enfants qui étaient dans la rue avec moi. Je penserai à eux quand je serai en Norvège", a déclaré Sultan, un réfugié syrien de 11 ans vivant dans la vallée de la Bekaa, au Liban, la veille de sa réinstallation en Norvège.

Recommandations des ONG

Les ONG mentionnées dans le rapport, le Conseil norvégien pour les réfugiés, Save the Children, Action Against Hunger, CARE International, le Conseil danois pour les réfugiés et le Comité international de secours, ont formulé une série de recommandations visant à protéger les réfugiés syriens. L’une d’entre elles est que les Nations Unies se prononce contre le refoulement, autrement dit le retour forcé des réfugiés. Le rapport préconise également la mise en place de nouvelles procédures permettant aux réfugiés syriens d'avoir accès à des permis de travail dans leur pays d'accueil, et appelle les pays voisins de la Syrie à investir dans de meilleures infrastructures à long terme pour l’accueil des réfugiés.

Retrouvez le rapport complet ici.

 

Cet article a été publié pour la première fois sur le site InfoMigrants: http://www.infomigrants.net/en/post/7386/new-report-highlights-dangers-facing-syrian-refugees-being-returned-from-neighboring-countries