Les conflits identitaires fargilisent l'Afrique
23 mai 2019Les conflits identitaires, dont souffre le continent africain en général et la sous-région ouest-africaine en particulier, sont la conséquence des discriminations subies par certaines populations.
"Ce qui oppose les individus, ce n’est pas la différence. C’est le non-accès aux ressources, c’est la discrimination, c’est l’exclusion. Les pays où le système administratif fonctionne avec rigueur avec des institutions qui font la différence entre l’appartenance communautaire et l’accès aux biens de l’Etat sont des pays où la question ethnique est relativement moins importante. C’est le cas du Sénégal et jusqu’à présent du Bénin", explique le sociologue Bano Barry.
Autres causes des violences intercommunautaires
Il y a le maintien au pouvoir de certains dirigeants africains. Les crises sanglantes qui ont marqué l'histoire du Burundi et du Rwanda depuis trente ans illustrent la dimension politique de ces conflits ethniques.
Au Burundi, l’opposition accuse fréquemment le président Pierre Nkurunziza de raviver la tension entre les Hutus et les Tutsis pour conserver le pouvoir.
"Maintenant les Burundais ont compris que ce n’est plus un problème ethnique mais que c’est plutôt un problème de quelques politiciens qui nourrissent un discours de haine. Quand je vois que les gens qui ont fui sont des Hutus et des Tutsis, en Tanzanie, au Rwanda, en Ouganda… et que ceux-ci vivent en harmonie où ils sont, j’ai de l’espoir", selon Aloys Niyoyita, journaliste burundais en exil.
Pour le sociologue Bano Barry "les conflits récurrents entre communautés dans la sous-région sont les résultats de la manipulation des élites. Parce que ces dirigeants n’ont pas d’idéologie. Ils appartiennent à la mangeoire de l’État. Dans une situation pareille, puisqu’ils n’ont aucun projet, ils sont prêts à payer le prix qu’il faut. Et peut-être qu'ils vont mourir au pouvoir et le problème sera soldé. Il n'y a pas de morale."
Conflits communautaires et menaces jihadjistes
Malheureusement, ces violences à répétition sont des occasions pour les vendeurs d’armes et les djihadistes de s’immiscer dans les affaires intérieures des États déjà fragilisés, mais aussi de gagner du terrain comme c’est le cas par exemple au Mali.
En mars dernier des massacres d’Ogossagou, dans le centre du Mali, ont tué 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons. La semaine dernière, en Côte d’Ivoire, 11 personnes sont mortes et 108 blessées dans des violences entre Baoulés et Dioulas.