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Les animaux sauvages, vecteurs des maladies virales

Reliou Koubakin
14 avril 2020

Alors que le monde entier se bat pour trouver un remède et un vaccin contre le Covid-19, de nouvelles épidémies ne sont pas exclues. En cause, la manipulation des animaux sauvages.

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Riesenfledermaus beim Winterschlaf in Polen
Image : Imago Images/blickwinkel/AGAMI/T. Doumax

 

Des études montrent que derrière la pandémie du Covid-19 il y aurait un animal sauvage : le pangolin. Comme ce mammifère, de nombreux autres animaux sauvages sont les vecteurs de maladies virales que le monde a connues ces dernières années.

Le berceau du nouveau coronavirus est à Wuhan en Chine, probablement dans l’un des nombreux marchés d’animaux sauvages de cette ville de plus de 11 millions d’habitants.

Propagation rapide des virus

L’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) est aussi partie de la Chine en 2002-2003. Le SRAS a tué dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 774 personnes. A l’origine : un animal sauvage encore inconnu dont la consommation de la viande a ensuite contaminé l’homme.

Selon une tribune d’un biologiste et d’un virologue parue dimanche (22.03.20) dans le journal allemand Süddeutsche Zeitung, les trains à grande vitesse, le transport automobile et le trafic aérien en Chine feraient du pays le plus peuplé et la seconde puissance économique du monde un terreau fertile pour la propagation rapide du virus.  

"Le SRAS se reproduisait dans les cellules, tout au fond des poumons et n’était, pour cela, pas présent dans la partie supérieure de l’appareil respiratoire. Le nouveau coronavirus se reproduit, malheureusement, très efficacement dans la cavité nasale et la zone de la gorge, et donc est beaucoup plus contagieux que le SRAS", explique le virologue Jan Felix Drexler de l’Hôpital de la Charité de Berlin.

Les origines des virus Ebola et de la grippe espagnole sont aussi à chercher dans les animaux sauvages, les chauves-souris notamment, un réceptacle potentiel de virus.

Dangereuse manipulation des animaux sauvages

En Afrique, les gouvernements des pays touchés en cas de virus déconseillent la manipulation des animaux sauvages.  

Depuis 2008, des scientifiques indiquent que 72% des zoonoses proviendraient des animaux sauvages. Les zoonoses sont des maladies et infections dont les agents se transmettent des animaux à l’être humain.

Achille Metahou, épidémiologiste des maladies tropicales, déplore l’intrusion de l’Homme dans la vie des animaux sauvages :

"Si on cherche à domestiquer les animaux sauvages, ces animaux, qui sont la plupart des rongeurs, vont transporter des microbes, des virus, et vont les inoculer aux êtres humains. Alors, la pandémie ou les épidémies vont pouvoir se déclarer."

Le vétérinaire Joséa Dossou Bodjrenou croit que "quand le milieu des animaux sauvages n’est pas détruit, contaminé ou modifié, ils résistent à ces germes".

La manipulation d’animaux continue

Selon la tribune parue dans la Süddeutsche Zeitung, la Chine a certes interdit le commerce d’animaux sauvages mais n’a pas fait de même pour la vente d’animaux vivants utilisés pour la médecine traditionnelle. C’est le cas du pangolin. 

Par ailleurs, lundi (23.03.20), un homme est décédé en Chine du Hantavirus, transmis à l’homme via des rats ou des souris. L’OMS avait dénombré 114 décès entre 2013 et 2018 en Argentine. En janvier 2019, l’organisation parlait d’une transmission interhumaine limitée, à propos du Hantavirus dont la létalité, poursuit l’OMS, peut atteindre 35 à 50%.  

Pour la virologue Ulrike Protzer de l’Université technique de Munich, on doit s’attendre à de nouvelles épidémies à l’avenir.

"Il y a un réseau mondial pour être préparé à des maladies infectieuses émergentes. Ce n’est pas toujours si facile car elles seront différentes l’une de l’autre. Je crains que nous devions de nouveau nous adapter."

D’après le biologiste et le virologue, cités dans la  Süddeutsche Zeitung, "tant que l’être humain consomme la viande issue des animaux sauvages ou l’utilise pour d’autres besoins, le monde fera toujours face à des épidémies".  

Pour ce qui est du Covid-19, le virologue Jan Felix Drexler craint qu’on ne puisse pas dire actuellement s’il va connaître une forme modérée. Il n’exclut pas d’autres contaminations en été.