Les Algériens toujours dans la rue
5 mars 2019"C'est au peuple algérien qu'il appartient de choisir ses dirigeants et de décider de son avenir" : voilà comment le porte-parole du Quai d'Orsay a réagi à l'annonce de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, en dépit des vagues de protestations.
Une lettre au peuple
Abdelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans et actuellement en Suisse pour suivre des soins, a adressé une lettre au peuple algérien dans laquelle il prend plusieurs engagements en cas de victoire à la présidentielle du 18 avril. Une lettre dont le contenu a été dévoilé sur la chaîne de télévision publique.
"La tenue, juste après l'élection présidentielle, d'une conférence inclusive et indépendante pour débattre, élaaborer et adopter des réformes rénovatrices de l'Etat algérien. L'organisation d'une élection présidentielle anticipée."
Ainsi que la promesse de ne pas se présenter aux élections à venir. Se porter candidat, donc, pour ne plus se représenter. Voilà qui laisse de nombreux Algériens sceptiques. En particulier ceux qui sont favorables à des changements en profondeur du système, à la lutte contre la corruption et à une relance de l'économie.
D'ailleurs, "Bouteflika dégage" reste un slogan scandé dans les rues des grandes villes du pays où des milliers de jeunes Algériens ont continué à manifester ce mardi : à Alger, Oran, ou même Béjaïa, en Kabylie.
Abdelaziz Bouteflika est au pouvoir depuis1999. Lors du dernier scrutin, en 2014, il était déjà affaibli mais l'armée et les hauts fonctionnaires avaient échoué à tomber d'accord sur le nom d'un successeur de consensus.
Ali Benflis, ancien Premier ministre, est l'un des principaux rivaux du président sortant. Il espère beaucoup de la contestation actuelle.
"Le peuple algérien a enfin abattu le mur de la soumission et au fait accompli que le pouvoir en place ne va plus pouvoir lui imposer indéfiniment."
Ali Benflis rejette les propositions formulées par Abdelaziz Bouteflika qui décrédibilisent le scrutin, selon lui. Il a décidé de retirer sa candidature pour dénoncer ce qu'il assimile à une mascarade électorale.