Le Yémen sans président
6 juin 2011Certains analystes pensent même que l'Arabie Saoudite n'aurait jamais accepté d'accueillir le président yéménite sans négocier au préalable les conditions de sa démission. En bref – et en dépit des déclarations du nouvel homme fort au Yémen, le vice-président Abed Rabbo Mansour – le président Saleh pourrait ne jamais rentrer chez lui. Beaucoup d'éléments plaident en faveur de ce dénouement, à commencer par le fait que l'Arabie Saoudite cherche depuis des semaines à hâter le départ du président yéménite. En vain, puisque celui-ci a refusé, malgré l'intervention personnelle du roi Abdallah d'Arabie Saoudite, de signer le compromis élaboré par le Conseil de coopération du Golfe, une organisation politique régionale, qui lui offrait l'immunité pour lui et sa famille en échange de son départ.
Infiltrations jihadistes
Aujourd'hui, l'Arabie Saoudite semble donc avoir toutes les cartes en mains pour se débarrasser du président Saleh. Celui-ci est en son pouvoir, il n’est plus en position de négocier son départ. Et l’opposition yéménite ne s’y est pas trompée puisque ses partisans ont encore manifesté aujourd’hui dans les rues de Sanaa, la capitale. L’Arabie Saoudite a donc l’occasion de ramener le calme dans ce pays voisin qui est au bord de l'implosion et qui est menacé par des infiltrations de jihadistes.
Pourtant, le paradoxe est ironique. Comment ne pas s’étonner du fait que l'Arabie Saoudite, qui est toujours opposée au changement politique, qui a même envoyé ses soldats écraser la révolte au Bahreïn, se trouve au Yémen dans le rôle cette fois de l'instrument du changement, avec toutes les inconnues que cela suppose dans un pays aussi anarchique.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Mireille Dronne