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Le Togo, entre fracture sociale et attractivité économique

4 mars 2020

Si le président Faure Gnassingbé a réussi à se faire réélire, les défis restent eux aussi inchangés dans un pays divisé par la politique.

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Une affiche de campagne de Faure Gnassinbé à Lomé.
Une affiche de campagne de Faure Gnassinbé à Lomé.Image : Reuters/L. Gnago

"Les Togolais ne se sont toujours pas réconciliés" (Madi Djabakaté)

Faure Gnassingbé a été déclaré ce mardi (03.04) officiellement vainqueur de l'élection présidentielle. Au pouvoir depuis 2005, le président sortant va rempiler pour un quatrième mandat d'affilée. Par ailleurs, la nouvelle Constitution lui permet aussi de se représenter une nouvelle fois dans cinq ans.

En attendant, les principaux maux de la société togolaise n'ont pas disparus avec cette réélection.

Parmi les principaux défis qui continuent à se présenter au président Faure Gnassingbé, il y a d'abord la lutte contre la corruption et le renforcement des services sociaux de base comme la santé et les infrastructures scolaires.

A ceci s'ajoute le défi sécuritaire dans un pays jusqu'à présent épargné par les attaques terroristes qui touchent ses voisins comme le Burkina Faso.

La fracture sociale

Faure Gnassingbé devra donc poursuivre les efforts de sécurisation des frontières du Togo. Il devra aussi et surtout se pencher sur le processus de réconciliation mis à mal par les douloureux événements qui ont marqué l'histoire politique du Togo.

C'est ce qu'explique le politologue Madi Djabakaté, du Centre pour la gouvernance démocratique et la prévention des crises au Togo :

"Le problème togolais est resté le même depuis plusieurs années, avec une certaine fracture sociale. Même s'il y a eu des initiatives comme la Commission vérité, justice et réconciliation, il est évident que les Togolais ne sont toujours pas réconciliés entre eux. Il n’y a qu’à voir aujourd'hui la présence de l'armée dans plusieurs quartiers identifiés comme les quartiers les plus actifs de la contestation. Le deuxième problème, c'est le social. Aujourd'hui, il y a la corruption, le chômage et plusieurs autres fléaux qui gangrènent la société togolaise pour lesquels les Togolais ont envie que des solutions soient apportées."

Maintenir l'attractivité économique

En plus des défis socio-politiques, il y a aussi l'économie : le pays connait certes une croissance de 5% mais cette performance économique améliore peu le quotidien des Togolais dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté.

Pour maintenir les investissements étrangers, Faure Gnassingbé devra enfin conserver le nouvel élan d’attractivité du climat des affaires au Togo :

Selon le rapport Doing business 2020 de la Banque mondiale, le Togo a ainsi réalisé un bond de 40 places au classement mondial - soit la 8e place parmi les pays africains - grâce aux réformes entreprises, avec notamment le guichet unique permettant la création d'une entreprise en une journée.

Le climat économique ne devrait toutefois pas pâtir d’une crise post-électorale. Même si Agbéyomé Kodjo, arrivé deuxième lors du scrutin du 22 février, refuse de reconnaitre sa défaite, son recours a été repoussé hier par la Cour constitutionnelle et la victoire de Faure Gnassingbé semble désormais incontestable.

"Les Togolais ne se sont toujours pas réconciliés" (Madi Djabakaté)