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Le Tchad, l’instabilité politique et un maréchal

11 avril 2021

Idriss Déby brigue un sixième mandat. Il cumule 30 ans de pouvoir, la moitié des 60 ans d’indépendance du pays. Portrait de l’histoire récente du Tchad.

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Le président Idriss Déby est maréchal depuis l’an dernier
Le président Idriss Déby est maréchal depuis l’an dernier Image : DW/B. Dariustone

Comme la plupart des ex-colonies françaises, le Tchad a accédé le 11 août 1960 à la souveraineté nationale et internationale. Mais l’histoire politique des quatre dernières décennies de ce vaste territoire de 1.284 000 kilomètre carré, et peuplé de près de 16 millions d’habitants, a été émaillée par de nombreux coups d’Etat et autres tentatives de déstabilisation des institutions du pays.

En Afrique subsaharienne, le Tchad est l’un des pays qui ont connu le plus de coups d’Etat réussis ou avortés, créant une situation d’instabilité politique permanente.

Le 13 avril 1975, François Tombalbaye, le tout premier président, fut assassiné lors d’un coup d’état militaire. Quatre ans plus tard éclate la guerre civile de 1979 qui a sapé les fondements sociopolitiques du pays et a failli compromettre son existence en tant que nation.

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Absence d’alternance pacifique

Ces moments d’instabilité politique ont toujours donné lieu à de violentes purges et autres règlements de comptes pour éliminer un adversaire politique réel ou supposé.

Les victimes du régime sanguinaire de Hissène Habré réclament justice
Les victimes du régime sanguinaire de Hissène Habré réclament justice Image : AFP/Getty Images

Aussi, depuis son accession à l’indépendance, le Tchad n’a jamais connu une dévolution du pouvoir au terme d’un processus démocratique. Le pouvoir se conquiert toujours par les armes.

Il est vrai que comme la quasi-totalité des Etats africains contemporains, au Tchad, le pluralisme politique existe, des élections ont lieu de manière régulière. Mais dans la pratique, les Tchadiens vivent sous le joug d’un régime rétif à toute critique et qui n’hésite pas à réprimer dans le sang toutes les velléités de contestation.

Militaire de formation, arrivé au pouvoir en 1990 après avoir renversé la dictature d’Hissène Habré, dont il fut le chef d’état-major avant de prendre la tête d’une rébellion armée, l’actuel chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, règne en maitre dans le pays, grâce notamment au soutien politique et militaire de la France qui le considère comme un allié stratégique dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.

Selon plusieurs observateurs, Idriss Déby peut compter sur l’appui de la France
Selon plusieurs observateurs, Idriss Déby peut compter sur l’appui de la FranceImage : Luo Fei/Xinhua/picture alliance

Lutte contre le terrorisme dans le Sahel

En effet, en 2013, le président tchadien a envoyé des milliers de ses soldats combattre les djihadistes au Mali aux côtés des militaires français de l’opération Serval, puis aux côtés de Barkhane et de la mission de l’Onu au Mali (Minusma).

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Un engagement qui a rendu indispensable '"l’ami encombrant de la France" et des Occidentaux, au grand dam de l’opposition et la société civile qui accusent Paris et ses partenaires occidentaux de cautionner un régime autoritaire et trentenaire

Depuis 2003, le pays exporte du pétrole. Mais la manne pétrolière profite en grande partie à la minorité au pouvoir, selon l’opposition et la société civile qui indiquent que les pétrodollars ont permis au régime d’acheter des armes pour faire taire les différentes rebellions qui ont tenté de le renverser.

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En dépit de son statut de pays producteur de l’or noir, le Tchad demeure parmi les cinq pays les plus pauvres au monde dans l’indice de développement humain (IDH) du Pnud. L’Indice de développement humain du Tchad pour 2019 est ainsi de 0,398, plaçant le pays dans la catégorie du développement humain faible, à la 187e place sur 189 pays et territoires.