Le Tchad lancerait-il un avertissement aux pays occidentaux?

L'Allemagne a décidé d'expulser l'ambassadrice du Tchad en poste à Berlin. Mariam Ali Moussa a reçu ce mardi (11.04.2023) une notification pour quitter le territoire allemand sous 48 heures. Berlin riposte ainsi au Tchad qui a décidé d'expulser son ambassadeur à N'Djaména. Le diplomate Gordon Kricke est accusé de s'ingérer dans les affaires intérieures du Tchad. Mais cette tension diplomatique pourrait bien cacher un malaise côté tchadien.

Standards démocratiques

Un malaise provoqué apparemment par la position défendue par l'Allemagne et les partenaires occidentaux face aux événements ayant marqué la vie socio-politique du pays ces derniers mois. Notamment la violente répression d'une manifestation, le 20 octobre 2022, qui s'est soldée par des dizaines de morts et des arrestations. Mais aussi la pression pour un retour aux standards démocratiques.

A sa prise du pouvoir suite à la mort de son père, le général Mahamat Idriss Déby promet de rendre le pouvoir aux civils par des élections libres et démocratiques après une transition de 18 mois renouvelable une fois. Il s'engage également à ne pas se présenter à la présidentielle.

Or, depuis, la donne a changé: la transition a été prolongée de deux ans au terme d'un dialogue national et Mahamat Déby autorisé à se présenter.

Ambassadeur expérimenté

A Berlin, c'est l'étonnement après le renvoi de l'ambassadeur Gordon Kricke : ses prises de positions sont les mêmes que celles des autres partenaires occidentaux. Est-ce là un avertissement aux autres Etats ?

Autre signe que la situation est tendue, la présence diplomatique occidentale s'est allégée, qu'il s'agisse de l'Union européenne, l'Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France ou l'Allemagne.

L'Allemagne n'a pour l'instant pas nommé un autre ambassadeur au Tchad et a donc décidé d'expulser la représentante tchadienne à Berlin. Mariam Ali Moussa est en poste depuis cinq ans. Berlin réagit ainsi en vertu du principe de réciprocité. 

"L'ambassadeur Kricke a exercé ses fonctions à N'Djaména de manière exemplaire et s'est engagé pour les droits de l'homme et un retour rapide du pouvoir à un gouvernement civil au Tchad. Cet engagement sera poursuivi par notre ambassade sur place ensemble avec nos partenaires au Tchad", lit-on dans une déclaration du ministère allemand des Affaires étrangères.

Cela tranche avec la démarche du Tchad. L'ambassadeur allemand aurait appris son expulsion à la télévision et ses documents de voyage se sont retrouvés sur les réseaux sociaux, au moment où il était assis dans l'avion au départ de N'Djaména.