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Le Premier ministre libyen jette l'eponge

17 septembre 2020

Le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a annoncé mercredi, sa démission d’ici à la fin du mois d’octobre, faute d'avoir pu ramener la paix en Libye.

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Faute d'avoir pu ramener la paix, Fayez al-Sarraj annonce sa démission
Faute d'avoir pu ramener la paix, Fayez al-Sarraj annonce sa démission Image : picture-alliance/ZUMAPRESS/PPI

Fayez al Sarraj dirige le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) depuis 2015, suite aux accords de Skhirate signés au Maroc, sous l’égide de l’Onu. Mais, ces accords inter-libyens n’ont pas pu ramener la paix dans le pays car les obstacles ont été nombreux pour le GNA.

Dans son discours aux Libyens sur la télévision publique, Fayez al-Sarraj a dénoncé tous ceux qui ont œuvré à faire échec à l’action de son gouvernement. " Il est nécessaire de mentionner que le gouvernement n'a pas fonctionné dans des circonstances normales ou même semi-normales depuis sa formation, mais qu'il a plutôt fait l'objet de conspirations internes et externes et qu'il y avait ceux qui travaillaient à son obstruction, de manière évidente et récurrente. C'est la vérité, il ne s'agit pas d'une fuite de responsabilité mais d'une reconnaissance de la situation", explique Fayez al-Sarra.

Autre explication à l’annonce de la démission de Fayez al Sarraj : la rivalité qui l’opposerait à son ministre de l’Intérieur, Fathi Bashagha, dont il s'est séparé le 28 août dernier. Un ministre de l’Intérieur soutenu par des milices et que l’on dit très proche de la Turquie, alliée du Gouvernement d’union nationale.

Des explosifs découverts non loin de Tripoli en juillet 2020
Des explosifs découverts non loin de Tripoli en juillet 2020Image : picture-alliance/AA/H. Turkia

Possible partition de la Libye

Face donc à ces pressions tant externes qu’internes, Fayez al-Sarraj a décidé de démissionner en annonçant son départ d’ici la fin du mois d’octobre. 

Mais, pour le politologue tunisien, Riad Sidaoui, il n’est pas certain que son départ et la désignation d’un nouveau gouvernement, puissent ramener la paix en Libye. Riad Sidaoui redoute même une balkanisation du pays. " Le grand problème en Libye, c’est que l’Etat n’existe pas. Il n’y a pas un Etat avec une seule armée, une seule police. Comment former un Etat en Libye de cette anarchie qui existe dans le pays ? Il y a une crainte sérieuse de la partition de la Libye en trois états : la Tripolitaine à l'Ouest, la Cyrénaïque à l'Est et Fezzan au Sud", dit le chercheur.

Trop d'ingérences étrangères

Le maréchal Khalifa Haftar, un des principaux protagonistes de la crise libyenne
Le maréchal Khalifa Haftar, un des principaux protagonistes de la crise libyenneImage : Reuters/C. Baltas

La situation en Libye a été ces derniers mois marquée par l’offensive militaire du maréchal Khalifa Haftar, qui a tenté sans succès de s'emparer de Tripoli, où siège le gouvernement d'union nationale qui a été sauvé par l’intervention de la Turquie. Des ingérences étrangères qui compliquent tout règlement de cette crise selon Riad Sidaoui. "La Turquie est intervenue avec des islamistes et des miliciens syriens pour soutenir le GNA, l’Egypte est intervenue pour soutenir le maréchal Khalifa Haftar, le Qatar soutient Fayez al-Sarraj, la France est pour Khalifa Haftar, les Américains jouent avec les deux et ne veulent pas des Russes, les Russes soutiennent Khalifa Haftar, donc toutes ces interventions compliquent la situation et la recherche de solutions durables", estime Riad Sidaoui.

Fayez al-Sarraj demande désormais au comité de dialogue de nommer un nouveau gouvernement. Ce comité devrait se réunir prochainement à Genève sous l'égide de l'Onu.
 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle