Le pape François : dix ans de pontificat
13 mars 2023Il y a dix ans, le 13 mars 2013, peu de gens connaissaient l'homme qui s'adressait au monde du pied de la basilique Saint-Pierre. Pourtant aujourd'hui, les théologiens se pressent pour exprimer un avis sur l'Argentin Jorge Mario Bergoglio connu sous le nom de pape François. Retour sur dix ans de pontificat.
Un nom qui symbolise la pauvreté
Jorge Mario Bergoglio a choisi d'être le premier pape à porter le nom de François. Ce choix n'est pas anodin, selon le correspondant néerlandais au Vatican, Hendro Munsterman : "le pape François a le côté prophétique de François d'Assise. Il veut réparer l'Eglise comme le saint du 13e siècle... parce qu'elle est cassée".
Ce nom à l'allure programmatique s'oriente donc vers l'image d'une modestie radicale que le pape s'efforce de tenir. En effet, dès le début de son pontificat, il a refusé de prendre ses quartiers dans le palais réservé au souverain pontife et s'est installé dans les maisons d'hôtes du Vatican.
En public, il obéit aux mêmes règles de simplicité et ne se montre que dans des petites voitures italiennes ou dans des chaussures usées.
Il se place par ailleurs en défenseur des minorités, du climat et des animaux.
Un non-Européen
D'après les derniers chiffres publiés début mars 2023, il y a 1,378 milliard de catholiques dans le monde dont une majorité en Asie et en Afrique. Alors que le nombre de fidèles recule en Europe, il augmente significativement sur ces deux continents. Ce qui soulève des questions quant à la représentativité de l'Institution. Beaucoup critiquent la pensée européocentrée de l'Eglise et demandent une évolution.
Selon l'historien de l'Eglise Massimo Faggioli, c'est un enjeu que le pape a saisi : "Il est clair que le pape François est le premier pape vraiment global, un pape non-occidental, qui a libéré le catholicisme de l'idée d'un catholicisme bourgeois moraliste de classe moyenne, qui définissait encore ce qu'était le catholicisme" avant lui.
Synode - l'Eglise en dialogue
Le pape François a accédé à ses fonctions juste après l'éclatement des scandales d'abus sexuels qui ont ébranlé l'Eglise catholique dans différentes régions du monde. C'est pourquoi il aborde la question de manière plus claire que ses prédécesseurs.
Pour certains au Vatican, il va trop loin tandis que pour d'autres il fait les choses à moitié. Malgré tout, une certitude demeure : il aborde ce problème d'une manière nouvelle.
"Le prophétique et le doute prudent vont de pair lorsqu'on parle du pape François", confie le théologien Hendro Munsterman. Un comportement qui explique selon lui qu'il déplaise à la fois aux partisans du progrès rapide et à ceux du conservatisme du temps de Benoit XVI.
Une des particularités du pontificat de François se manifeste dans son ouverture au dialogue et la tolérance. Les croyants n'y étaient que peu habitués après des années de direction autoritaire du Vatican et ont apprécié cette ouverture.
Dans le langage ecclésiastique, le terme "synodalité" est utilisé pour désigner cette conscience dialogique que le Pape cherche à instaurer. Il veut des débats ouverts et même controversés mais ne promet pas pour autant qu'il instaurera des changements concrets.
C'est justement pour Massimo Faggioli le plus grand enjeu : "l'issue ouverte, encore incertaine" du processus synodal vers la synodalité. "C'est le plus grand pari", affirme le chercheur en ajoutant que les deux prochaines années seront décisives pour l'avenir de l'Eglise catholique romaine.