Le Pakistan sombre dans le chaos?
11 juillet 2007Depuis plusieurs semaines, un petit groupe d’extrémistes nargue le président Musharraf, à 500 mètres à peine de son palais, peut-on lire dans la Frankfurter Rundschau. Du jamais vu, en 60 ans d’existence du Pakistan. Il faut dire que la Mosquée rouge est devenue un symbole pour les milliers d’islamistes partisans du Djihad et issus des « madrasas », les écoles coraniques, qui considèrent le gouvernement comme un ennemi allié aux Etats-Unis. D’où le risque que les victimes des combats passent pour des martyrs, ce que les autorités voulaient à tout prix éviter, probablement en vain. Après la Somalie, le Liban, l’Irak ou l’Afghanistan, c’est donc au tour du Pakistan de voir son régime imploser, à cause de la pauvreté de la population et faute de base suffisamment solide au sein de la société pour garantir une démocratie pérenne.
« Quelle victoire » ironise pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Que les troupes gouvernementales aient le dessus sur les islamistes retranchés dans la mosquée n’est une surprise pour personne. Mais le gouvernement gagnera-t-il aussi le combat politique qui s’annonce ? La FAZ écrit que le gouvernement Musharraf doit désormais avaler le poison que son pays avait préparé pour d’autres, en soutenant notamment les talibans en Afghanistan ou des djihadistes au Cachemire indien. L’Etat pakistanais est sur la voie de l’échec, conclut la FAZ, et cela ne peut continuer ainsi, pas dans un pays qui est aussi une puissance nucléaire.
Même pessimisme dans la Süddeutsche Zeitung qui titre sur le « danger pakistanais ». La SZ estime que deux peurs majeures dominent ce début de XXIè siècle : celle suscitée par le terrorisme et celle du nucléaire. Deux peurs qui dictent la géopolitique occidentale et qui se trouvent réunies au Pakistan comme dans aucun autre pays du monde. Le quotidien munichois rejette cependant une partie de la faute sur les occidentaux qui ont décidé de soutenir le général putschiste Musharraf, malgré ses alliances avec les islamistes et sa répression féroce de toute opposition démocratique. Désormais, les occidentaux en sont réduits à assister, désemparés, à la situation explosive. Alors qu’il faudrait, de l’avis du journal, qu’ils appuient enfin les forces démocratiques du pays, afin d’éviter que les mollahs ne soient la seule alternative politique au régime Musharraf.