Le lait au menu du conseil européen
19 octobre 2009Des centaines de producteurs de lait accompagnés de quelque 400 tracteurs s'étaient donné rendez-vous en marge de la réunion. Un groupe d'une vingtaine de pays parmi lesquels la France et l'Allemagne soutient une partie de leurs revendications et réclame que le secteur laitier, en cours de libéralisation, ne soit pas livré à la seule loi du marché.
Ce matin, dès son arrivée, la commissaire européenne à l'Agriculture, l'Autrichienne Marian Fische Boel a voulu afficher la bonne volonté de Bruxelles:"Je vais vider mes poches et j'ai 280 millions d'Euros pour les agriculteurs du secteur laitier"
Des éleveurs pris à la gorge
Le président de la Fédération des agriculteurs allemands, a estimé que cette somme était insuffisante. Pour lui c'est 1 milliard d'euros de soutien qu'il aurait fallu . "Pour les banques, les Etats européens ont bien déboursé des milliards. Ils ne veulent pas le faire pour les agriculteurs. C'est une politique immorale" a-t-il critiqué. Mais il a néanmoins reconnu que c'était un pas dans la bonne voie pour une profession qui tire la sonnette d'alarme depuis des mois. Le prix du lait à la production a en effet parfois chuté de 50% par rapport à un pic en 2007-2008. De nombreux éleveurs sont au bord de la faillite. La libéralisation des quotas de production laitière voulue par Bruxelles pour 2015 apparait donc dans ce contexte pour beaucoup comme une menace existentielle et une fausse politique.
Les prix remontent
C'est aussi l'avis d'une vingtaine de pays dont la France et l'Allemagne qui estiment que la dérégulation ne peut conduire qu'à des productions excédentaires. Marian Fischer Boel a précisé qu'elle était d'accord avec la plupart des propositions du groupe des 20 pour réguler le marché, avec notamment des aides au stockage des produits lorsqu'ils se vendent mal. Et elle a également apporté une bonne nouvelle:"Je suis contente de voir que maintenant les prix augmentent pour tous les produits. Avec un peu de retard sur le fromage, mais cela va venir aussi. Donc nous sommes sur la bonne voie. Mais cela a été dur. Et je comprends la frustration des agriculteurs."
Mais certains éleveurs ne sont pas convaincus par les aides promises et réclament des instruments de régulation de la production. Bruxelles renvoie la balle dans leur camp. C'est à la profession de s'organiser, estime l'union européenne.
Elisabeth Cadot/Marie-Ange Pieorron