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Le centre Astalli de Catane, en Sicile : un havre de paix

10 décembre 2018

Un centre de jour pour migrants, le Centro Astalli, accueille et conseille chaque jour des migrants de Catane, en Sicile. Il offre des services médicaux et juridiques, et des cours d’italien à ceux qui en ont besoin.

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Italien afrikanische Migranten auf Sizilien
Image : DW/D. Kaniewski

Dans une ruelle étroite, juste à côté de la route principale qui jouxte le front de mer de Catane, en Sicile, se trouve le Centro Astalli. Ses portes ouvrent tous les jours à 16 heures. Le centre est géré par le Service Jésuite des Réfugiés et l'Eglise Catholique. En cette soirée du mois de novembre, pourtant, toutes les personnes présentes sont des laïcs : des volontaires qui passent leurs après-midis et leurs soirées à accueillir un flot constant de personnes qui cherchent de l'aide. Parmi les bénévoles, des médecins, des travailleurs sociaux, des avocats et des enseignants.

Sur les murs de certaines pièces, des dessins ont été affichés, peints par les nombreux enfants qui fréquentent le centre pour apprendre l'italien, ou faire leurs devoirs après l'école, pendant que leurs parents travaillent ou prennent également des cours de langue. Leurs devoirs finis, ils jouent au chat et à la souris, se faufilant entre des groupes d'hommes venus principalement d'Afrique de l'Ouest, et qui attendent à l'accueil pour obtenir un conseil juridique ou un rendez-vous pour un examen médical.

800 arrivées chaque année 

Environ 800 personnes arrivent chaque année dans le centre de jour de Catane, créé en 1999. Certains fréquentent l'établissement depuis plusieurs mois, d'autres passent de temps à temps pour saluer leurs amis ou voir un médecin. Il existe des centres Astalli dans toute l'Italie. "Au début, les migrants étaient des gens venant de l'Est : d'abord d’Albanie, puis d’Afghanistan, du Pakistan et plus tard de Syrie et du Maghreb, de Tunisie et du Maroc. La plupart d'entre eux venaient pour des raisons économiques, pour trouver un travail", explique Elvira Iovino, la présidente du centre de Catane. "Puis les choses ont complètement changé. De plus en plus d'Africains subsahariens de la Corne de l'Afrique et de l'Afrique de l'Ouest ont commencé à venir."

Zelte im Hafen von Catania
Quand ils arrivent à Catane, en Sicile, les migrants sont enregistrés dans ces tentesImage : DW/D.Pundy

Aboubakar, originaire du Sénégal, vient ici pour la première fois. Dans un français hésitant, il explique vouloir rencontrer un avocat suite au rejet de sa demande d'asile. "J'ai 23 ans et je suis à Catane depuis presque un an. J'ai besoin de papiers pour travailler. Je veux juste travailler, mais pour ça, j'ai besoin d'un avocat", explique-t-il à InfoMigrants en chuchotant. "Je veux avoir une vie comme tout le monde, c'est tout ce que je veux ", ajoute-t-il simplement.

Au Sénégal, Aboubakar était livré à lui-même. "J’étais seul, même quand j’étais malade". Ses parents ont disparu quand il était très jeune, il dit ne pas savoir ce qui leur est arrivé."Ils sont peut-être morts", pense-t-il. Sur ses papiers d'identité temporaires, les autorités italiennes ont indiqué qu'il était né le 1er janvier et qu’il avait 23 ans.

Des médicaments et des cours d'italiens

Outre ses cours d'italien, le Centro Astalli sert aussi de pharmacie aux migrants. Il distribue des médicaments et des produits sanitaires. Les étrangers en Italie reçoivent une carte de santé temporaire, la STP, ne couvre pas tous les soins comme les infections de la peau, le rhume et la grippe auxquels sont souvent sujets les migrants. "Nous intervenons quand c'est à eux de payer", dit Elvira Iovino, la directrice du centre. "Ils peuvent avoir besoin d’une crème contre les hémorroïdes ou du sirop pour la toux, ça peut coûter huit, neuf ou dix euros. Comme ils n’ont pas cet argent, nous mettons ces médicaments à disposition ici", précise-t-elle.

Dans le bâtiment, se trouvent aussi des salles de classe. On y voit des gens venus de la Corne de l'Afrique, du monde arabe, de l'Afrique subsaharienne et de l'Asie du Sud assis face des professeurs qui répètent lentement la phonétique italienne et écrivent les lettres sur un tableau, en posant des questions et en encourageant la conversation. En vertu du nouveau décret italien sur l'immigration, tout le monde devra obtenir un niveau B1 d'italien (niveau intermédiaire) pour pouvoir rester. 

Adama Gueye, une des élèves, d'origine sénégalaise, qui vit en Sicile depuis deux ans, espère grâce à ces cours trouver du travail plus facilement. "Au Sénégal, nous ne gagnions pas assez d’argent, ici les salaires sont plus élevés et nous espérons pouvoir aider nos parents. Il y a beaucoup de Sénégalais ici à Catane. Nous nous sentons chez nous ici, les gens sont gentils", ajoute-t-elle en souriant.

Soutien aux personnes incarcérées 

Le centre a récemment mis en place un nouveau service pour venir en aide aux migrants et les réfugiés en prison. "Ils ont besoin de tout, des sous-vêtements aux vêtements, des serviettes, de tout", explique la directrice du centre.

Selon Elvira Iovino, en Sicile, une quinzaine de mineurs est actuellement enfermée dans un centre spécial et près de 130 migrants sont en prison. "Quand vous êtes incarcéré, vous n'avez le droit d'appeler qu'une ligne fixe. La plupart des migrants et des réfugiés n'ont que des contacts par téléphone portable, ce qui signifie qu'ils perdent tout lien avec ceux qu'ils connaissent une fois qu’ils sont emprisonnés".

 

Cet article écrit par Emma Wallis et traduit par Audrey Parmentier a été publié pour la première fois sur le site InfoMigrants: http://www.infomigrants.net/fr/post/13705/le-centre-astalli-de-catane-en-sicile-un-havre-de-paix-pour-les-migrants