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La Turquie accueille le président iranien

Gaelle Dietrich15 août 2008

Deuxième et dernier jour de visite en Turquie pour le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il y a rencontré son homologue turc Abdullah Gül, à Istanbul.

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Le président iranien Mahmoud Ahmedinejad (à gauche) et son homologue turc Abdullah Gül.Image : AP

L'énergie, et surtout le programme nucléaire iranien, était au coeur des discussions de ces deux journées. Cette rencontre Iran-Turquie intervient alors que les négociations sur le programme nucléaire iranien sont dans l'impasse. Téhéran a en effet refusé de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium. Les Occidentaux évoquent la possibilité de nouvelles sanctions. Par cette rencontre au sommet, la Turquie se propose de débloquer la crise et de relancer le dialogue, au risque de créer la controverse.


A priori tout sépare les deux pays. La Turquie est laïque, au moins dans sa constitution, l'Iran est une République islamique. La Turquie est le meilleur allié d'Israël dans la région. L'Iran, son meilleur ennemi. La Turquie est pro-américaine, membre de l'OTAN, candidate à l'Union européenne... L'Iran mène une guerre idéologique contre les Etats Unis.

Mais les deux pays voisins sont en bonne relations. La Turquie, à la fois proche du camp occidental et dirigée par le parti islamique de l'AKP, se sent dans une situation privilégiée pour débloquer la crise. Gokhan Cetinsaya, est spécialisé sur les relations turco-iraniennes à l'Université Technique d'Istanbul :

« Je pense que en ce sens la Turquie a vraiment une position unique. L'Iran sait que la Turquie aurait aussi beaucoup à perdre s'il y avait une guerre entre l'Iran et les Etats Unis. La Turquie est donc sincère. Elle joue un rôle unique en ce moment particulier dans la politique régionale. »

Iranischer Präsident Ahmadinedschad zu Besuch in Türkei
Mahmoud Ahmedinejad et son Abdullah Gül.Image : picture-alliance/ dpa

La visite d'Ahmadinejad à Istanbul a suscité des controverses. Les pays européens et américain voient avec un certain malaise leur allié turc accueillir le dirigeant iranien. Eux ont toujours évité les contacts directs avec celui qui a appelé à la destruction d'Israël, et qui a refusé de suspendre l'enrichissement d'uranium. Pour le président turc Abdullah Gül, la rencontre a été une "opportunité" pour une résolution pacifique de la crise. La Turquie veut jouer son rôle de puissance régionale, comme elle l'a fait sur le dossiers Israel-Syrie ou Israel-Palestine. Soli Ozel est expert en relations internationales à l'université Bilgi :

«La Turquie est plus qu'un ambassadeur, mais moins qu'un médiateur. Je pense que le terme approprié est 'facilitateur'. Cela montre clairement que toutes les parties concernées font confiance à la Turquie. »


Iran et Turquie ont en fait plubeaucoup d'intérêts communs, notamment sur l'énergie : l'Iran est le 2eme fournisseur de gaz de la Turquie. Les deux dirigeants veulent renforcer leur coopération dans ce domaine. Mais aucun accord sur l'énergie n'a pu être signé hier, à cause des réticences de Washington. Les Etats Unis veulent en effet maintenir la pression sur l'Iran.


La question sécuritaire était également à l'ordre du jour de cette rencontre. Téhéran et Ankara coopèrent dans la lutte contre les rebelles kurdes et pourraient signer un accord sur la lutte contre le crime organisé.