La société iranienne plus divisée que jamais
15 juin 2009Il est tout à fait possible, écrit la Frankfurter Rundschau, que Mahmoud Ahmadinejad ait réussi à rassembler la majorité des voix dès le premier tour. Mais la mobilisation massive des partisans du candidat conservateur Moussavi laisse à penser que le régime iranien ne voulait pas prendre le risque d'un second tour. L'élection n'a été qu'une mise en scène, une sorte de copie bon marché des soirées électorales dans les grandes démocraties avec leurs estimations directes et précises. Le souci, c'est qu'il manque en Iran toutes les conditions pour ce genre de pronostics pointus : il n'y a pas d'enquête d'opinion ni de sondage à la sortie des urnes, et encore moins de logiciels d'analyse adaptés. Ce qu'on relève en revanche, c'est un tas d'irrégularités.
Qu'il y ait eu fraude électorale ou réel raz-de-marée en faveur d'Ahmadinejad, cette élection ne change rien au véritable problème de l'Iran qui est la polarisation de sa société, estime la tageszeitung. Mahmoud Ahmadinejad est le héros des petites gens, avec une base solide dans les campagnes et les petites villes où le gouvernement a investi une bonne partie des recettes pétrolières. Le camp réformiste trouve ses partisans dans les grandes villes, chez les jeunes, les femmes et les élites intellectuelles. Pour le journal, ce scrutin a eu pour seul effet de creuser encore un peu plus le fossé dans la société iranienne.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung estime également que les tensions internes vont aller croissant. Mais la communauté internationale elle aussi va avoir des difficultés avec l'Iran. Tous les Etats arabes avaient misé sur un changement de régime et on dit que même le président syrien en aurait assez de Mahmoud Ahmadinejad. La Russie a exprimé récemment son inquiétude sur le programme nucléaire iranien. Mais ce sont surtout les Etats-Unis qui se retrouvent face à une décision difficile : Barack Obama avait donné six mois à Téhéran pour changer de position. Il est peu probable que l'Iran d'Ahmadinejad soit prêt à céder.
La Süddeutsche Zeitung commente le congrès du SPD, qui a permis aux sociaux-démocrates allemands de retrouver un peu d'estime de soi, après leur débâcle aux élections européennes. Ce congrès a été une sorte de séance de thérapie. Avec ce bon discours, peut-être le meilleur depuis sa nomination, le candidat Steinmeier a redonné un peu de baume au coeur à son parti et surtout, il a montré qu'il savait tirer des leçons de ses erreurs : contrairement aux discours précédents, Frank-Walter Steinmeier a évoqué les objectifs politiques de son parti et non les défaillances de la concurrence.
Die Welt
salue également ce discours : au lieu de revendications radicales – ou pseudo-radicales – il a replacé le SPD plus au centre de l'échiquier politique. En reconnaissant les erreurs commises dans la gestion récente des crises d'Opel et d'Arcandor, le candidat à la chancellerie a montré que le parti social-démocrate n'est pas seulement là pour l'ouvrier d'Opel ou la caissière de Karstadt.