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La situation dans le Sahel inquiète la presse allemande

Hugo Flotat-Talon
20 décembre 2019

En cette fin de semaine, et après l'attaque d'Inates, les journaux allemands s'interrogent sur la situation sécuritaire dans le Sahel. Dans cette revue de presse aussi : une enquête sur la production de chocolat.

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Soldats français en opération dans le Sahel
Soldats français en opération dans le SahelImage : picture-alliance/dpa/P. de Poulpiquet

Après l'attaque d'Inates qui a couté la vie à 71 soldats nigériens la semaine dernière, le sujet Sahel est remonté dans la hiérarchie de l'information des journaux allemands. C'est le cas, par exemple, dans la Süddeutsche Zeitung ce vendredi 20 décembre. Le journal a même imprimé une photo de la cérémonie d'hommage aux soldats nigériens tués. Une photo qui interpelle puisqu'on y voit des dizaines de corps alignés, recouverts de drapeaux nigériens.

Cérémonie d'hommage aux soldats nigériens morts à Inates
Cérémonie d'hommage aux soldats nigériens morts à Inates Image : DW/S. Boukari

Au-dessus, le journal imprime en gras et en gros caractère cette alerte de l'ONU. "La région pourrait devenir une nouvelle Syrie". Le journal fait alors le point sur les forces déployées pour faire face aux terroristes. "1.100 soldats allemands soutiennent les forces français de l'opération barkhane", explique l'article. 

"Angela Merkel est même allée au Niger deux fois ces dernières années, a promis de l'argent pour des investissements (...), plusieurs centaines de millions d'euros ont été investis, mais ce qui prospère sur place c'est le terrorisme", se désole le quotidien de Munich. 

"C'est aussi en partie à cause de la politique anti-migratoire de l'Europe", assure le journal, citant la ville d'Agadez, où beaucoup d'argent lié aux migrations vers l'Europe circulait par le passé, jusqu'à ce que l'Europe se ferme et que les flux se réduisent, conduisant à un appauvrissement sur place.

Pour terminer le journal cite un général français. "Ce qu'il se passera dans cette zone du Sahel l'an prochain va décider du futur de la région. En plus des efforts militaires, il faut une solution politique qui implique tous les États de la région et la communauté internationale."

Cacao, chocolat ... Et travail des enfants

Un reportage en forme de coup de gueule pour notre deuxième thème de cette Afropresse. Reportage de la Frankfurter Allgemeine Zeitung sur le chocolat en Allemagne venu d'Afrique. "Les caisses des fournisseurs se remplissent, et pendant ce temps de nombreux cultivateurs de cacao en Afrique meurent de faim et laissent leurs enfants travailler dur. Combien de temps encore ?", questionne le quotidien qui raconte les récoltes au Ghana et en Côte d'Ivoire, "d'où viennent deux tiers de toutes les fèves de cacao récoltées dans le monde".

Le journal rappelle la réalité à ses lecteurs allemands pour qui chocolat rime en ce moment avec joie, fêtes de Noël et retrouvailles en famille. "La plupart des producteurs de cacao en Afrique de l'Ouest vivent en dessous du seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale et gagnent moins de 1,90 $ par jour. (...) Et des études ont montré qu'environ deux millions d'enfants travaillent pour récolter ces fèves ".

La FAZ part à la rencontre de dirigeants d'entreprises et d'acheteurs sur place qui tentent de faire changer les choses, en payant mieux, en fournissant des aides pour une meilleur rentabilité et en permettant aux planteurs de gagner davantage, pour éviter le travail des enfants. Chacun y a sa part de responsabilité. Des acheteurs européens aux gouvernements africains "trop souvent corrompus dans l'application des lois sur le travail des enfants ou la protection de l'environnement", déplore la Faz.

Un artiste d'origine ivoirienne en Allemagne

Et puis, pour finir, cette histoire plus positive. Celle de Mr Raoul K. Ivoirien débarqué en Allemagne en 1992 qui se paie désormais le luxe de faire parler de lui dans la Tageszeitung, un des quotidiens nationaux les plus connus en Allemagne ! Aujourd'hui, il produit de la house et son nouvel album, "African Paradigm", "témoigne de cette vie mouvementée", écrit le journal. 

Konan raconte sa vie en Allemagne, ses regards de travers "parce qu'il était noir", et puis, enfin, ce sentiment "d'appartenance" ressenti à la Love Parade à Berlin, un beau jour, au son de la musique techno. Raoul Konan veut alors "appartenir à ce monde-là". À force de persévérance, de travail, de rencontres, il y a arrivera et "joue aujourd'hui dans le monde entier".

Son nouvel album African Paradigm "doit permettre de se retrouver", dit-il. "C'est ma vision de l'Afrique et elle inclut les Européens. En Côte d'Ivoire, il y a une ambiance radicale en ce moment et beaucoup de gens refusent de travailler avec les blancs par principe. Je sais ce qu'est le racisme et je ne veux pas vivre la même chose dans l'autre sens. (...) Nous devons nous serrer les coudes", prône l'artiste.