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La police congolaise sur la sellette

28 février 2018

En RDC, la violente réaction des forces de sécurité lors des manifestations du 25 février a frappé les esprits. Accusée de bafouer les règles, la police se défend et invoque le caractère illégal des manifestations.

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Proteste im Kongo
Image : Reuters/K. Katombe

Colonel Mwanamputu : "lorsqu'on veut opposer un bras de fer avec la police elle vous disperse"

D'après l'Eglise catholique, la plupart des manifestations organisées le 25 février 2018 pour exiger une alternance au sommet du pouvoir ont été entravées par les forces de police. L'émotion dans le pays est d'autant plus vive que des enfants ont été touchés aussi. Plusieurs nourrissons soignés à la maternité de la paroisse Saint Benoît de Kinshasa souffriraient par exemple d'intoxication du fait des gaz lacrymogènes lancés par les forces de l'ordre contre les manifestants.

Le 31 décembre déjà, au moins sept personnes ont perdu la vie lors de la répression d'une mobilisation anti-Kabila. C'est cette réaction toujours musclée qui vaut à la police congolaise d'être accusée de "police aux ordres" qui, par ailleurs, manquerait de professionnalisme.

Dans une interview à la DW, Jonas Tshombela, porte-parole du Comité laïc de coordination, soutient que "les conditions dans lesquelles les policiers sont recrutés ne respectent aucune règle pour qu'ils puissent répondre de façon professionnelle aux exigences de leur métier ! On prend des personnes, parfois, qui n'ont rien à faire avec la police et qu'on va mettre au service des gens pour rançonner. Et tout ça mis ensemble fait qu'il y a ces dysfonctionnements et ces désordres qu'on peut observer et aussi le manque de professionnalisme."

Ras-le-bol général

Jonas Tshombela n'est pas seul. Beaucoup d'autres Congolais s'agacent du comportement de la police. D'autant plus que la hiérarchie a laissé entendre, la veille des manifestations, s'être fixé l'objectif de "zéro mort". Comme si le fait de ne tuer personne était considéré comme un effort consenti par la police.

Réponses de la police

Face aux accusations persistantes, le porte-parole de la police que nous avons contacté, le Colonel Pierrot Mwanamputu, assure que le cas du policier ayant tiré sur l'activiste Rossy Mukendi Tshimanga du "Collectif 2016", était entre les mains de la justice.

Il concède par ailleurs qu'il ait pu y avoir un non-respect des consignes à Mbandaka où un jeune homme de 18 ans a également été tué dimanche.

Il insiste cependant sur le fait que "dès lors que la manifestation est annulée, automatiquement, tout rassemblement sur la chaussée devient un rassemblement hostile. Et voilà pourquoi la police est arrivée pour disperser la manifestation."

Interpellé sur le caractère pacifique des manifestations, le Colonel Mwanamputu se défend : "lorsqu'on veut opposer un bras de fer avec la police, elle fait quoi ? La police vous disperse ! Elle utilise la gradation des forces, elle utilise la proportionnalité !" 

Face à l'intensification des critiques, la France, un des partenaires de la RDC, s'est vu obligée de déclarer qu'elle n'avait autorisé depuis novembre 2016 aucune exportation de matériel létal ou non-létal à destination de la République démocratique du Congo. Une déclaration en ce sens a d'ailleurs été publiée sur le site du ministère français des affaires étrangères.

 

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum