La ministre allemande de la Défense en visite au Mali
9 octobre 2019C’est la première visite d'Annegret Kramp-Karrenbauer au Sahel depuis sa nomination à la tête du ministère de la défense, en juillet dernier. La ministre allemande de la défense est allée sur le terrain pour évaluer la situation sécuritaire dans une région où la Bundeswehr, l’armée allemande, est présente depuis six ans avec près d’un millier de soldats. Des militaires qui participent à la formation de l’armée malienne et à la mission de paix de l’Onu au Mali, la Minusma.
Coopération avec le Mali
La ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer a été reçue lundi (7 octobre) par le Premier ministre malien Boubou Cissé. C’était en présence de son homologue malien le Général de Division Ibrahim Dahirou Dembélé.
Il a été question des enjeux sécuritaires et de développement du Mali. Autres sujets évoqués au cours des échanges, le renforcement de la coopération militaire et le développement des projets pour améliorer les conditions de vie des populations maliennes.
Dégradation de la situation sécuritaire
La ministre allemande de la Défense s’est rendue au Mali au moment où la situation sécuritaire dans le nord du pays est jugée très critique avec la multiplication des attaques contre l’armée nationale. Dimanche, un Casque bleue a été tué et cinq autres blessés dans deux attaques contre la Minusma. En début de semaine dernière, au moins 38 soldats maliens ont été tués par des djihadistes présumés dans deux localités près de la frontière du Burkina Faso.
"Après une attaque comme celle qui a eu lieu récemment à Boulkessi (et Mondoro dans le centre, ndlr, près de la frontière du Burkina Faso) contre les forces armées maliennes, il faut bien sûr évaluer pourquoi ces genres de choses arrivent", suggère Thomas Schiller le représentant résident de la Fondation Konrad-Adenauer qui a accompagné la ministre allemande dans son périple.
Annegret Kramp-Karrenbauer a aussi profité de son séjour pour visiter le Centre l’EUTM-Mali à Koulikoro ainsi que le contingent allemand de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali).
La ministre allemande de la Défense a reconnu la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Une situation due essentiellement aux manquements de l’armée. "Il y a entre autres un manque d’équipements appropriés. Ils n’ont pas assez de voitures blindées pour se défendre eux-mêmes. Ils n’ont pas reçu une bonne formation tactique. Le commandement change trop souvent" relève Thomas Schiller de la Fondation Konrad-Adenauer à Bamako
Conflits communautaires
Autre explication du revers de l’armée malienne, les conflits communautaires au centre et au nord du pays. Une situation que les djihadistes mettent à profit estime Baba Dakono chercheur à l’Institut d’études de sécurité de Dakar.
Selon lui, "la capacité des groupes extrémistes violents ne réside pas seulement à leur seule puissance militaire. Mais surtout à leur capacité à faire recruter au sein des communautés au niveau local."
Putsch militaire
Conséquence de l'insécurité dans le nord du Mali, des rumeurs font état d’un mécontentement au sein de l’armée et de la possibilité d’un putsch militaire. "Le Mali, a plus que jamais besoin de solidarité, de se resserrer, et non d'élucubrations des nostalgiques de putsch", a pour sa part répondu le président malien Ibrahim Boubacar Keita.
Avant le Mali, a ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer s'était rendu au Niger, autre pays touché par des attaques terroristes.