La justice approuve l'expulsion d'islamistes présumés
23 août 2017Mardi, le tribunal administratif de Leipzig n’a fait qu’approuver la décision prise en mars dernier par le ministre de l’Intérieur du Land de Basse-Saxe. Ce dernier avait évoqué le "principe de précaution" pour justifier son ordonnance d’expulsion à l’égard d'un Nigérian de 22 ans et d'un Algérien de 27 ans.
Les deux suspects ont donc vu leur appel rejeté et devront rester dans un pays où ils n’avaient peut-être jamais mis les pays avant leur expulsion. Rendre une décision, dans de telles circonstances, revient donc à se positionner aux limites du cadre légal, commente la Saabrücker Zeitung. Le journal estime néanmoins que la protection contre un risque réel de terrorisme justifie ce positionnement.
Toutefois, note le quotidien de la Sarre, la pensée djihadiste n’est pas facilement expulsable. Et de conclure : "Le débat sur les étrangers jugés dangereux ne doit pas occulter le fait que le terrorisme a pendant longtemps connu une croissance en Allemagne. Pour garantir une vraie sécurité, il faut donc couper le mal à ses racines."
Pour rappel, les deux suspects avaient été interpellés en février dernier à Göttingen, dans le centre de l'Allemagne, dans le cadre d’une opération anti-terroriste. La police a au cours de cette opération saisi plusieurs armes et un drapeau de l’Etat islamique.
Leur appartenance aux milieux salafistes a poussé les autorités à les juger comme potentiellement "dangereux".
"La procédure pour arriver à de telles conclusions est très délicate et nécessite sûrement des enquêtes policières détaillées", fait savoir la Südwest Presse. Et de s’interroger : "Comment les autorités auraient pu ne pas considérer ces suspects comme des personnes dangereuses ?"
Dans ce dossier, poursuit le journal, il s’agit pour la justice de pratiquer un véritable exercice d’équilibriste entre d’une part une présomption d'innocence injustifiée et d'autre part la volonté de prévenir toute attaque terroriste.
Cependant, le journal du Bade-Wurtemberg maintient que cet exercice est nécessaire si l’on veut protéger les citoyens allemands, rappelant au passage l’attentat commis par Anis Amri sur un marché de Noël à Berlin, l’an dernier.
Les tensions entre l’Allemagne et la Turquie s’accentuent
Un autre sujet à retrouver dans la presse: les relations très tendues entre l’Allemagne et la Turquie, avec notamment l’appel du président Erdogan aux Turcs ayant la nationalité allemande à ne voter pour aucun des deux partis de la coalition d'Angela Merkel aux législatives du 24 septembre prochain.
Pour la Fränkische Tag, le gouvernement allemand ne prend pas de mesures assez contraignantes vis-à-vis d’Ankara. "Qu’est devenue l’annonce du ministre allemand des Affaires étrangères d’accorder des visas aux employés d’organismes non-gouvernementaux turques et aux journalistes turcs ? Rien. Que fait le gouvernement pour que les Turcs d’Allemagne ne trouvent pas les télévisions turques préférables aux chaînes allemandes ? Rien". Avec Erdogan, regrette le journal, les autorités allemandes demeurent passives.