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EconomieBurkina Faso

La filière textile burkinabè tente de se repositionner

Alida Tapsoba
10 octobre 2024

L'importation de fils et de pagnes tissés est désormais interdite au Burkina Faso. Le gouvernement cherche à protéger la production nationale de coton et le secteur textile.

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Récolte de coton au Burkina Faso
Le 24 septembre, les ministères de l'Économie et de l'Industrie ont annoncé l'interdiction de l'importation de fils de tissage et de pagnes tissés. Image : AFP/Getty Images/I. Sanogo

La filière textile burkinabè, qui a longtemps souffert de la concurrence des produits importés, à laquelle s'ajoute désormais un tassement de la production, tente de se repositionner. 

Les autorités burkinabè ont ainsi décidé, fin septembre, d'interdire l'importation de fils de tissage et de pagnes déjà tissés sur l'ensemble du territoire national.

"Tout le monde y gagnera" (Rosalie Sawadogo, tisserande)

Awa Zongo est propriétaire d'un atelier de tissage à Ouagadougou. Pour elle, cette décision est une opportunité : "Selon moi, la décision prise par l'Etat va être très bénéfique car les fils qui venaient de l'extérieur étaient de mauvaise qualité. Si nous nous mettons à cultiver le coton, à l'exploiter ici, cela nous sera d'une grande aide. Les cultivateurs, les fileurs, les tisserands et les tailleurs vont tous en bénéficier." 

Promouvoir la consommation locale

D'autres acteurs du secteur considèrent cette mesure comme un bon moyen de promouvoir la consommation locale. 

"Ce que l'État a fait est bien, car le coton traité localement profitera à tous", estime Rosalie Sawadogo, tisserande. "Tout le monde y gagnera : les femmes transformeront le coton en vêtements, qui seront ensuite portés par les populations."

Les autorités burkinabè, quant à elle, présentent cette décision comme un moyen de protéger l'industrie textile nationale. Elles espèrent contribuer à la création d'emplois dans un secteur clé de l'économie nationale

Problème de fond 

Mieux cultiver grâce à la réalité virtuelle

Cependant, pour de nombreux acteurs du secteur, comme Hamidou Zongo, grossiste de fils sur le marché local, cette décision ne va pas résoudre une tendance lourde : une demande interne en berne, en raison du manque de liquidité des consommateurs.

"Au Burkina Faso, on peut passer toute une journée sans voir plus de dix personnes porter les tenues tissées. Ce qui signifie qu'il n'y a pas d'argent pour les acheter. Donc si nous pouvions exporter nos produits, ce serait mieux que si nous les vendions localement."

Mais la production de coton au Burkina Faso, comme au Mali, a souffert d'une baisse de la production, en raison notamment de l'insécurité qui a entraîné un recul des terres cultivées. Le Bénin est ainsi devenu le premier producteur de coton sur le continent, devançant le Burkina Faso et le Mali.