La crise gazière touche l'Europe centrale
6 janvier 2009Le changement de ton russe est "radical", selon le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Martin Riman, qui réagit à la baisse des livraison de gaz russe en direction de l'Europe centrale.
L'Autriche, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie, la Croatie, la Macédoine mais aussi la Grèce et la Turquie font depuis cette nuit les frais du conflit gazier qui oppose l'Ukraine et la Russie: tous ces pays ont dû constater ce matin une baisse plus que significative dans leur approvisionnement de gaz russe. Ainsi le ministère de l'Economie roumain a annoncé une chute de plus de deux tiers de ses livraisons. La sévérité de Moscou semble étonner l'Ukraine elle-même. Valentin Zemlianski, porte-parole du groupe ukrainien Naftogaz:
"Jusqu'à ce matin, 8h, l'Ukraine a reçu 92 millions de m3 de gaz à destination des consommateurs européens. Depuis, tous les contacts entre les services de distribution de Naftogas et de Gazprom sont interrompus. Nous ne savons pas ce qui se passe et nous sommes très étonnés par la position russe"
Le chef de Naftogaz a quant à lui estimé que Gazprom s'apprêtait à annuler toute livraison transitant par l'Ukraine. Rappelons que 80% du gaz russe, à destination des Européens, transitent par l'Ukraine. Et malgré les appels de plus en plus pressants de l'Union européenne, Kiev et Moscou continuent de se renvoyer la balle. Pour Kiev, Moscou coupe délibérément ses flux gaziers destinés à l'Europe. De son côté, le Kremlin accuse l'Ukraine de détourner pour son marché intérieur du gaz transitant sur son sol et destiné à l'exportation. Ce matin encore, le vice-président du géant gazier russe Gasprom, Alexandre Medvedev, a accusé Kiev d'avoir fermé trois des quatre gazoducs d'exportation traversant son territoire. Résultat: les volumes de gaz livrés aux partenaires de l'Union européenne ont été divisés, selon lui, par sept:
"Malgré tous nos efforts pour que l'Ukraine revienne à la table des négociations, nous n'avons personne avec qui parler depuis 5 jours. Gazprom a tout fait pour que les livraisons de gaz ne soient pas réduites mais l'entreprise n'est pas toute puissante. Si l'Ukraine commence à bâtir des obstacles, et c'est ce qu'elle fait en refusant des livraisons supplémentaires, on ne peut en prévoir les conséquences."
En Allemagne aussi, la crise commence à se faire sentir. Les deux plus gros importateurs gaziers allemands, Eon et Wingas ont mis en garde contre des diminutions des livraisons. Une situation particulièrement critique au vu des températures du moment: le thermomètre affichait -26 degrés ce matin à l'est de l'Allemagne.