La Cour des comptes réprimande le gouvernement allemand
8 juillet 2004Normalement, la Cour des comptes s’abstient de toute critique sur la politique du gouvernement, écrit le Kölner Stadt Anzeiger. Pourtant hier son président Dieter Engels a adopté un ton résolument différent. Il a d’une part dénoncé l’accroissement de la dette publique et d’autre part, il a déclaré que visiblement le gouvernement ne se procurait plus ses financements soi-disant nécessaires qu’à l’aide de tromperies allant à l’encontre des lois en vigueur. Pour le journal de Cologne, cela montre à quel point la situation est sérieuse.
Selon la Neue Ruhr Zeitung, ce sont toujours les mêmes problèmes que la cour des comptes dénonce : négligence dans la planification, estimation bien trop large des besoins, manque de discernement face à ses propres erreurs et insuffisance du contrôle des résultats. Dans beaucoup de cas, l’administration publique dépense avec trop de nonchalance l’argent des citoyens, poursuit le quotidien, et au bout du compte elle gaspille chaque année des milliards d’euros.
Le plus agaçant dans la dilapidation des deniers publics, écrit pour sa part die Welt, c’est la manière nonchalante qu’a la politique de passer outre depuis des années. D’un air de dire : ces pingres de la cour des comptes, ils osent s’en prendre à un programme politique brillant et généreux. Et pourtant, poursuit le quotidien, tous les vols d’avions absurdes, les ordinateurs installés inutilement et les investissements non contrôlés sont plutôt le résultat d’une stratégie arbitraire. Pour le journal de Berlin, il ne s’agit pas de simples erreurs, mais de mauvaises décisions prises de façon systématique. Des décisions qui ne sont pas dues à quelques personnes surmenées mais à un système tout entier qui a oublié que son pouvoir n’était que temporaire.
Les Kieler Nachrichten voient le rapport de la Cour des comptes comme une grande claque pour Hans Eichel. S’il n’avait été question que de l’habituel reproche face à la dette publique démesurée, le ministre des finances aurait pu répondre qu’il ne faisait que gérer l’héritage difficile de l’époque conservatrice et libérale. Mais les critiques touchent cette fois-ci directement la politique rouge-verte de privatisation, écrit le journal. Une politique dont les prochaines générations subiront les conséquences.