La colère gronde encore Place Tahrir
18 novembre 2011Le théâtre de la mobilisation, c’est une nouvelle fois la Place Tahrir au Caire, d’où était partie la contestation qui a fait tomber le régime Moubarak, en février dernier.
La plus grande source de mécontentement des Frères musulmans, principale formation religieuse du pays, c’est le projet, proposé par les autorités militaires de transition, d’élaborer une charte qui jetterait les bases d’une nouvelle constitution. Un texte qui prévoit notamment d'enlever aux députés le contrôle du budget de l'armée. Or le parti islamiste estime que la mise en place d’une constitution reviendra au parlement légitime, issu des élections qui commenceront le 28 novembre prochain.
Des laïcs, aussi, par milliers
L’opposition laïque a afflué pour protester contre l’autoritarisme du Conseil supérieur des forces armées, qui assume la transition. Certes, le pays a déjà connu des avancées, depuis la chute de Moubarak, notamment l’instauration du pluralisme politique, la mise sous tutelle du syndicat officiel, ou encore l’organisation d’élections professionnelles. Mais l’armée, toujours au pouvoir et qui détient les secteurs clefs de l’économie du pays, continue de diriger l’Egypte d’une main de fer. Pour ne citer qu’un exemple de « dérapage », rappelons la répression sanglante de manifestations coptes, le mois dernier, et les nouvelles violences, hier, lors d'une manifestation de ces chrétiens égyptiens, pour réclamer justice.Une Egypte toujours instable
L'Egypte ne sera toujours pas stable tant que le pays n’aura pas procédé à des élections démocratiques - mais le nouveau parlement ne pourra siéger au complet qu’au mois de mars 2012 - et, surtout, engagé un vaste plan d’amélioration des conditions de vie des Egyptiens. Cela passe par une réforme des secteurs de l’énergie et des transports, le désenclavement des zones les plus reculées. Mais ce type de chantier - pharaonique - suppose des investissements importants, de plusieurs dizaines de milliards de dollars, selon les estimations de la Banque Mondiale. Or les caisses des pays occidentaux sont vides et l’aide internationale tarde à arriver. Les pays arabes, eux, ne se bousculent pas pour soutenir des régimes par trop contestataires, qui pourraient continuer de faire des émules aux Proche- et Moyen-Orient.
Auteur: Sandrine BlanchardEdition: Jean-Michel Bos