Elections au Bénin : un consensus dans les prochains jours ?
13 mars 2019Depuis le début de la semaine, le président du parlement, mandaté par le chef de l'Etat Patrice Talon, mène des tractations en vue de dégager un consensus. Sauf qu'à mesure que les jours passent, la pression s'accentue. Beaucoup de Béninois dénoncent une manœuvre du pouvoir visant délibérément à exclure les opposants de la conquête des sièges de député. Plusieurs marches de protestation ont déjà été organisées par l'opposition.
La cour constitutionnelle valide deux listes
A l'heure actuelle (13.03.), seules deux formations politiques sont en lice pour ces législatives : l'Union progressiste et le Bloc républicain. La validation de leur liste par la Commission électorale a été confirmée tôt ce mercredi matin par la cour constitutionnelle. Ces deux formations soutiennent l'action du président Patrice Talon.
Ruse ou acte de bonne foi ? C'est le président de la République lui-même qui, se disant gêné, a demandé un consensus pour amender la loi électorale et permettre ainsi aux autres partis pour l'instant recalés, de se présenter aux élections.
Et c'est le président de l'Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, lui-même président du Parti du renouveau démocratique (PRD), un des partis recalés, qui est à la manœuvre.
Le point sur les tractations en cours
Ce mardi (12.03.), Adrien Houngbédji a mis en place avec les autres membres de la Conférence des présidents un comité restreint chargé de travailler sur les propositions recueillies des différents partis de l'opposition. Le comité est composé de Adrien Houngbédji lui-même et de quatre autres députés.
Il s'agit de Idji Kolawole du groupe parlementaire Union Progressiste, de Bathelemy Kassa du Bloc Républicain pour le pouvoir, d'Eric Houndete (opposition parlementaire) et de Garba Yaya (FCBE) pour le compte de l'opposition. Le comité devrait présenter ses résultats ce jeudi (14.03.) à la Conférence des présidents.
Une source proche des tractations confie à la Deutsche Welle qu'un consensus devrait être annoncé d'ici mardi prochain.
Le pouvoir reste ferme sur la date du scrutin
Le ministre de la Justice contacté par la DW explique notamment que la loi électorale du Bénin proscrit le report des élections et que c'est exceptionnellement après consensus des acteurs qu'un report est toléré. Ainsi soutient-il que les élections du 28 avril ne seront pas reportées.
Ensuite, si les tractations ne donnent aucun résultat, Maître Séverin Quenum affirme qu'on "ne sacrifierait pas la légalité pour donner l'impression qu'il y a plusieurs candidats ou plusieurs partis qui sont en lice."
Interrogé sur le risque que cette situation fait courir au Bénin réputé modèle démocratique en Afrique, le ministre répond que les Béninois donnent "l'impression que la démocratie se porte bien mais c'est parce qu'on fait des arrangements à l'intérieur et on s'accommode d'un certain nombre de choses. Il est temps de gérer les choses avec orthodoxie et avec une pratique rigoureuse", souhaite Maître Séverin Quenum.
La Commission électorale avait enregistré au total sept listes de candidatures pour les législatives qui permettront d'élire 83 nouveaux députés. Le mandat de l'actuelle législature expire le 15 mai.