Kosovo : un rapport accable le Premier ministre
16 décembre 2010Les révélations du rapporteur spécial du Conseil de l'Europe, Dick Marty, ont provoqué de nombreuses réactions, à commencer par celle du gouvernement kosovar, qui nie toute implication et menace d'engager des poursuites judiciaires. Mais ce n'est pas le première fois que de telles accusations sont lancées contre Hashim Thaçi, selon Dusan Reljic, expert à l'Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité :
« Jusqu'à présent, on savait que de nombreux leaders politiques au Kosovo et dans la région étaient impliqués. Et dans le cas du Premier ministre Thaçi, non seulement il y a eu des rumeurs répétées, mais aussi des accusations publiques et dans certains rapports gouvernementaux confidentiels, où on l'associait au crime organisé et à cette terrible affaire de collecte d'organes humains. »
Selon lui, ce scandale pourrait compliquer les relations du Kosovo avec les puissances occidentales qui ont reconnu l'indépendance de cette ancienne province yougoslave.
« Après la vague d'indignation dans les médias internationaux, il va être difficile de continuer à soutenir que Monsieur Thaçi contribue à la stabilité dans la région. Mais quant à savoir si les puissances occidentales vont le lâcher, cela va dépendre de leur analyse de la situation et s'ils voient d'autres acteurs politiques au Kosovo qui pourrait assurer la relève au gouvernement. »
Briser un tabou
Lawrence Marzouk, qui travaille pour le Réseau du journalisme d'enquête des Balkans, observe qu'au Kosovo, ni le gouvernement, ni l'opposition, ni la société civile n'ont osé jusqu'ici se confronter au contenu du rapport, car ce sont des sujets très sensibles pour la population :
« Tout cela reste un sujet incroyablement tabou, dont les gens ne veulent pas parler, principalement à cause de ce statut qu'a acquis l'Armée de libération du Kosovo, considérée comme des combattants de la paix, des libérateurs. Il y a toujours un énorme respect pour ces gens qui ont lutté pour un Kosovo libre. »
Si le rapport de Dick Marty est adopté ce jeudi, il sera débattu à la prochaine assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, en janvier.
Auteurs : Darren Mara / Sébastien Martineau
Edition : Anne Le Touzé