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Kenya : William Ruto retire le projet de budget controversé

Wendy Bashi
26 juin 2024

Prévoyant initialement une hausse de taxes, ce projet a été à l'origine d'une forte contestation dans le pays donnant lieu à des violences meurtrières.

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Le Président William Ruto lors d'une conférence de presse (photo d'illustration)
Selon la Commission kényane des droits de l’Homme, plus de 300 personnes ont été blessées (photo d'illustration)Image : Simon Maina/AFP

Les rassemblements, principalement menés par des jeunes, avaient débuté la semaine dernière dans le calme. Des milliers de manifestants ont défilé à Nairobi, la capitale, et dans d'autres villes du pays, pour protester contre les nouvelles taxes prévues dans le budget 2024-2025.

Ce mardi 25 juin, alors que la population manifestait pour la troisième fois en huit jours, la tension est brusquement montée dans l'après-midi, à Nairobi.

Des manifestants ont pris d'assaut le Parlement, une première dans l'histoire du pays, indépendant depuis 1963.

Cette crise au Kenya est multifactorielle, selon le chercheur Christian Cirhigiri qui revient sur ce qui a conduit ce pays, relativement stable d’Afrique de l’Est, dans la crise où il se trouve actuellement.

Kenya | Manifestations contre les augmentations d'impôts prévues à Nairobi (photo d'illustration)
Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles sur la fouleImage : Gerald Anderson/Anadolu/picture alliance

"La crise économique post-Covid 19 a laissé le pays dans une situation difficile. Il y a aussi le fait que lors de la prise de pouvoir du nouveau gouvernement, plusieurs mesures politiques et fiscales ont été mises en place pour essayer de compenser les revenus bas que le pays avait en ce temps-là", indique le chercheur à la DW. "Il y a notamment des mesures fiscales, l’imposition des taxes sur les biens et les services produits par les citoyens kényans. Toutes ces mesures ont fait que les Kényans sentent que la vie devient de plus en plus intenable."

"La situation du Kenya nous rappelle la fragile stabilité dans nos pays en Afrique" (Toussaint Kafarhire)

Toussaint Kafarhire, qui a vécu pendant plus de neuf ans au Kenya, où il a enseigné les relations internationales, estime que la population kényane a décidé de revendiquer ses droits dans la rue.

Selon lui, "la situation du Kenya peut nous rappeler qu’il y a toujours eu cette stabilité fragile dans nos pays en Afrique et que tout peut arriver à tout moment. C’est cette imprévisibilité de nos politiques en Afrique qui devrait nous questionner à la fois sur la nature de nos gouvernements, de nos institutions, de nos structures et en même temps sur la capacité de dialoguer de nos autorités, que nous appelons des représentants du peuple."

Mobilisation sur internet

Le mouvement de contestation contre les taxes, baptisé "Occupy Parliament", a été lancé sur les réseaux sociaux et a touché en grande partie les jeunes Kényans de la génération Z, nés à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Cette mobilisation illustre un phénomène croissant où les plateformes numériques jouent un rôle central dans l’activisme politique, précise le juriste et chercheur en droit numérique, Brozeck Kandolo.

Émeutes et manifestations contre les augmentations d'impôts (photo d'illustration)
Nairobi et plusieurs villes ont également été le théâtre de pillagesImage : Luis Tato/AFP

"On constate que la mobilisation de la génération Z via les réseaux sociaux est en train de créer une nouvelle transformation en Afrique dans la manière dont les citoyens exercent leurs droits et participent à la vie politique de leur pays. Cette mobilisation au Kenya aujourd’hui permet une participation plus large et démocratique, elle donne la voix aux personnes qui sont souvent exclues des processus décisionnels traditionnels", souligne-t-il.

Dépassé par ce mouvement, le pouvoir a dû faire marche arrière. "Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu'il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m'incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré", a déclaré William Ruto, dans un discours ce mercredi après-midi.